Amnésie

Chapitre 3

Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas. Je ne tire aucun bénéfice si ce n'est de faire plaisir aux autres fans de la série
Style : NC17, Romance, Aventure
Résumé : Une jeune femme refait surface dans la vie de Largo, ceci n'est pas sans conséquences pour l'Intel Unit
Auteur : Un commentaire ? Vous pouvez les adresser ici Lady Heather
Note de l'auteur : WARNING ! ! ! ! Cette fic traite d'un sujet délicat en l'occurrence le viol même s'il n'y a pas de scènes très détaillées. Si cela ne vous gène pas, bonne lecture, sinon... Attendez ma prochaine fic

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Jessica regardait les enfants jouer sur la plage, assise sur la terrasse, en buvant une tasse de thé. Elle avait retrouvé avec un certain plaisir sa petite maison. A part un peu de poussière, tout était tel qu'elle l'avait laissé. Sa réunion avec son capitaine s'était mieux passée qu'elle l'avait prévue. Celui-ci était tellement soulagé de la retrouver en pleine forme qu'il n'avait pas rouspété une seule fois contre le fait qu'elle ait, encore une fois, désobéit à ses ordres en continuant son enquête en solo. Jessica soupira, Simon lui manquait. Elle posa une main sur la porte-fenêtre pour l'ouvrir quand quelque chose sur le coté attira son attention. Elle se retourna et aperçut Christine Montrose. Elle la regardait sans vraiment la voir, son sac à main serré contre sa poitrine. Elle ressemblait presque à une statue habillée tout en noir et avait ses cheveux montés en un chignon qui la faisait paraître plus âgée qu'elle ne l'était.

- Mme Montrose ? Que faites-vous là ?

Elle ne répondit pas. Elle dévisagea celle qu'elle rendait responsable de son malheur.

- Mme Montrose ?

Celle-ci fouilla dans son sac et en sortit une arme qu'elle pointa sur la jeune femme.

- Comment avez-vous pu ? C'était un homme si bon !
- Bon ? On ne doit pas parler de la même personne.
- Nestor a toujours pris soin de moi, c'était un homme admirable.
- Il n'était pas vraiment celui qu'il semblait être. C'était un être malfaisant qui adorait faire souffrir les gens !
- Vous mentez ! Hurla-t-elle.
- Et ça se sont des mensonges ? Fit-elle sèchement en ouvrant son chemisier pour lui montrer la cicatrice encore rouge.
- Qu'est-ce qui me prouve que c'est lui qui vous a fait cela ? Nous étions mariés depuis vingt cinq ans ! Vous n'êtes qu'une mythomane ! Dit-elle avec une fureur qui faisait trembler son arme.

Joy arrêta la voiture devant la maison de Jessica. Ils en sortirent et se dirigèrent vers la porte d'entrée en taquinant Simon qui faisait tout son possible pour garder son calme. Largo allait sonner quand ils entendirent une détonation provenant de l'arrière de la maison. Ils se précipitèrent sur le petit chemin qui menait à la terrasse. Joy arriva la première et aperçût une femme qui visait Jessica étendue sur le sol. Elle s'approcha doucement et la désarma d'un geste.

- Laissez-moi ! Elle mérite de mourir ! C'est à cause d'elle si je suis seule ! Fit-elle en se débattant.

Largo aida Joy à la maîtriser tandis que Simon s'agenouillait près de Jessica.

- Jessy ? Hey ! Réponds-moi !

La jeune femme ouvrit les yeux avec peine et reconnu celui qu'elle aimait. Elle leva une main tremblante et caressa le visage de Simon doucement. Elle referma les yeux et sa main retomba inerte sur le sol.

- Non ! Tu ne peux pas me laisser ! Largo aide-moi ! Appelle une ambulance !
- Calme-toi Simon, dit Largo en s'agenouillant près de lui. Les secours sont en route.

Il posa ses doigts sur le cou de Jess et sentit un pouls battre faiblement mais régulièrement.

- Elle est vivante, elle a juste perdu connaissance.
- Elle ne peut pas mourir, pas quand j'ai enfin trouvé la bonne personne. Je l'aime. Je l'aime tellement ! Fit-il en laissant ses larmes couler librement sur le visage.
- Je sais vieux frère, mais elle est forte. Elle va s'en sortir.

Joy regardait Simon serrer désespérément la main de Jessica. Elle se tourna vers la femme responsable de ce malheur.

- Pourquoi ? Demanda-t-elle avec colère.
- Parce qu'elle a tué le seul homme que je n'ai jamais aimé !
- Ce n'est pas elle qui l'a tué.
- Peut-être mais elle est responsable de sa mort.
- Vous êtes complètement stupide de croire que votre mari était un saint.
- Qu'est-ce que vous osez sous-entendre ?
- La vérité !

Joy prit la femme de Montrose par le bras et l'emmena vers l'ordinateur qui trônait dans un coin du salon. Elle se connecta au bunker et fit apparaître le dossier avec les informations que Kerensky avait réunit au cours de l'enquête. Christine Montrose blêmissait au fur et à mesure qu'elle découvrait l'étendue des activités illégales de son mari. Elle porta une main à sa bouche pour étouffer un petit cri de stupeur.

- Oh mon dieu qu'est-ce que j'ai fait !

Joy se tourna vers la terrasse où les ambulanciers tentaient de sauver la vie de Jessica. Largo soutenait Simon qui attendait avec une impatience croissante le verdict des deux soignants. Il vit Mme Montrose à travers la baie vitrée et la colère le submergea. Comment cette femme avait-elle osé s'en prendre à celle qu'il aimait ? Pendant un instant, il voulut aller lui infliger le même traitement qu'à Jessica, mais un signe des ambulanciers l'arrêta dans son élan, ils étaient prêts à la transporter. Il suivit le brancard jusqu'à l'ambulance où il grimpa à l'arrière avec l'ambulancier.

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Scilia et Georgi avaient enfin décidé de sortir de dessous leur moelleuse couette, seulement pour se plonger dans un bon bain moussant chaud et regarder la télé tout en se laissant aller au bien être de sentir leurs corps nus l'un contre l'autre. Le téléphone sonna et Kerensky décrocha.

- Oui ? Répondit Kerensky paresseusement.
- Je ne te dérange pas ? Fit Largo d'une voix tremblante.
- Qu'y a-t-il ?
- On est à l'hôpital, Jessica a été blessée.
- C'est grave ?
- On ne sait pas trop, elle est encore en chirurgie…
- Je prends le prochain vol pour Los Angeles. Vous êtes à quel hôpital ?
- Au Cedar Sinai…
- Et Simon, comment prend-il la chose ?
- Comment tu…
- J'ai des yeux et des oreilles et je sais m'en servir.
- Pas très bien.

Georgi raccrocha et croisa le regard contrarié de Scilia.

- Je suis désolé, mon ange mais le devoir m'appelle.
- Je croyais que tu avais ton week-end de libre ?
- En théorie… Mais tu te souviens de la jeune femme que tu m'as aidée à retrouver ?
- Oui…
- Elle vient d'être blessée…
- Quel rapport avec toi ?
- Je lui ai servi de garde du corps et nous sommes devenus de très bons amis. Je ne peux pas ne pas être là alors qu'elle a besoin de moi.
- Je vois que je passe après tes amis, rétorqua-t-elle avec une moue boudeuse.
- Tu sais très bien que non. J'ai une idée… Viens avec moi, fit-il en l'embrassant dans le cou.
- Tu veux vraiment que je vienne ? Ce n'est peut être pas le bon moment pour me présenter tes amis…
- Je ne crois pas qu'ils y verront un inconvénient.

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Dans la salle d'attente du service chirurgie, Simon faisait les cent pas. Joy feuilletait un magazine sans vraiment le lire. Largo, quant à lui, était allé chercher du ravitaillement à la cafétéria.

- Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Quand nous allions être heureux...
- Arrête de te torturer l'esprit, dit Joy en le prenant par les épaules et en le forçant à s'asseoir. La seule chose dont tu dois être persuadé, c'est qu'elle va s'en sortir.
- Tu crois ? Fit Simon les yeux pleins de tristesse.
- Sinon elle aurait déjà pris la fuite en entendant ton humour plus que douteux !
- C'est fou ce que tu peux être rassurante, dit-il avec un maigre sourire.
- Mais à ton service mon grand. On peut toujours faire appel à moi dans ces cas-là.

Largo arriva un sac de beignets et trois cafés. Il déposa le tout sur la table basse et s'assit à coté de Simon. Ca faisait près de cinq heures que Jessica était au bloc. Cette attente était insupportable pour eux. Largo essayait tant bien que mal de cacher son inquiétude. Il ne voulait la perdre alors que le destin avait voulu que leurs chemins se croisent à nouveau. Il vit Kerensky arriver au pas de course suivit de près par une belle jeune femme rousse.

- Alors comment va-t-elle ? Demanda-t-il à peine arrivé.
- Toujours aucune nouvelle, répondit Largo en se levant pour le saluer.
- Que s'est-il passé ?
- La femme de Montrose a voulu venger la mort de son cher époux, dit Joy.
- J'aurais dû y penser, dit Kerensky.
- Personne ne pouvait prévoir qu'elle réagirait de la sorte, dit Largo d'une voix triste.
- Vous l'avez arrêté ? S'enquit le Russe en glissant un regard inquiet vers Simon qui était toujours silencieux.
- Oui, elle s'est rendue aux autorités sans résistance, dit Joy. En fait, je ne crois pas qu'elle se soit rendue compte de la vraie nature de son mari. Pour elle, il était le meilleur homme qui puisse exister. Cela a été un choc pour elle d'apprendre qu'il était un criminel sans aucune pitié.

Le silence retomba dans la salle d'attente. Le chirurgien vint les rejoindre. Il semblait épuisé comme s'il avait mené une longue bataille.

- Vous êtes là pour Mlle Wardfield ?
- Oui, comment va-t-elle ? Demanda Largo.
- Elle a perdu beaucoup de sang. On a réussit à la stabiliser.
- Elle va s'en sortir, Doc ? Questionna Simon avec inquiétude.
- Oui mais…
- Mais ? Répéta Kerensky.
- Il risque d'y avoir de sérieuses séquelles. La balle a frôlé la moelle épinière et un hématome s'est formé.
- Vous voulez dire qu'elle est paralysée ? Fit Largo le visage inquiet.
- Pour le moment, oui. Ses jambes sont effectivement paralysées.
- C'est définitif ?
- Nous ne le saurons que lorsque l'hématome se sera résorbé.
- Et dans combien de temps pourra-t-on savoir si….
- Pas avant quelques semaines malheureusement, dit la femme rousse qui accompagnait le Russe, mais ne vous inquiétez pas, elle est entre les meilleures mains possibles.
- Scilia ? Tu connais ma patiente ?
- Non, pas vraiment… C'est une longue histoire. Tiens-nous au courant.
- Content de t'avoir revue…
- Oui, moi aussi David. Va te reposer, tu as l'air d'un zombie.
- A vos ordres princesse. Une infirmière viendra vous prévenir dès que vous pourrez la voir.

Le médecin repartit laissant l'Intel Unit surprise. Kerensky se retourna vers Scilia, des questions pleins les yeux.

- Princesse ? Fit-il sur un ton agacé.
- Ne me regarde pas comme ça, chaton, David est tout simplement mon ex-mari. Tu te souviens, je t'en ai parlé.
- Chaton ? Fit Largo avec un demi-sourire. Je comprends mieux.
- Vous comprenez quoi ? Demanda Scilia avec curiosité.
- Rien, rien… Je me présente Largo Winch, fit il en lui tendant la main.
- Ah oui, le fameux patron, répondit-elle en la serrant. Scilia Matthews. Navrée, j'aurai préféré vous rencontrer dans d'autres circonstances.
- Merci. Outre le fait que cela soit votre ex-mari, est-ce que c'est vraiment un bon médecin ?
- Il m'a sauvé la vie. Je pense que c'est vraiment le meilleur étant donnée les circonstances.
- Sauvé la vie ? Répéta Kerensky étonné.
- C'est une longue histoire et je ne crois que cela soit l'endroit et le moment de te la raconter. Si vous le permettez, je vais voir si Maguy travaille aujourd'hui, elle pourra me donner de plus amples informations sur l'état de votre amie.

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Simon avait profité de la discussion entre la petite amie du Russe et Largo pour s'éclipser. Il avait trouvé refuge dans la chapelle de l'hôpital. Cet endroit calme et accueillant le rassurait face aux tourbillons de ses sentiments. Il s'était installé au fond de la pièce qui était dans la pénombre. Il avait fermé les yeux et se souvenait des moments qu'il avait passé avec la jeune femme au penthouse, leurs crises de rire, leurs batailles rangées, ces moments de discussions où il s'était laissé aller à raconter un peu de son passé. Contrairement à ce qu'il avait craint, elle ne l'avait pas jugé, elle lui avait juste sourit et l'avait embrassé affectueusement sur la joue. Il entendit la porte de la chapelle s'ouvrir mais n'y prêta aucune attention. Il sentit une présence sur le banc près de lui.

- Simon ? Ca va ? Pourquoi es-tu parti ?
- Laisse-moi Joy. Ce n'est pas le moment.
- Comme tu veux, fit-elle en se levant.
- Joy ? Est-ce que tu crois vraiment qu'on peut m'aimer ?
- J'y arrive bien, moi, dit-elle avec un sourire en coin.

Simon sourit à son tour mais ne se sentait pas rassuré pour autant.

- Non sérieusement, Joy, tu crois vraiment qu'une femme comme Jessica peut m'aimer ?
- Bien sûr que oui. Pourquoi ? Tu as des doutes ?
- Qui n'en aurait pas, ça paraît presque trop beau pour être vrai.
- Tu as peur de quoi ?
- De mon passé… Si jamais elle découvre qui je suis vraiment, je suis sûr qu'elle partira en courant.
- Simon, le passé est derrière toi. Tu as fait des erreurs, nous en faisons tous, même moi. Mais si elle t'aime vraiment, cela n'aura aucun espèce d'importance.
- Et si…
- Si quoi ?
- Si je ne suis pas capable de l'aimer comme elle le mérite ?
- Je ne comprends pas.
- Je n'ai jamais eu de relation à long terme. Quand ca devenait trop sérieux avec une fille, je me suis toujours arrangé pour tout saboter.
- Cela sera peut-être différent cette fois. L'amour est une chose très étrange. Et, reprit-elle avec un air complice, si jamais tu la fais souffrir, c'est à moi que tu auras affaire.

Largo entra et leur fit signe le rejoindre.

- Ils viennent de l'installer dans la chambre 304. On peut aller la voir mais juste cinq minute et une personne seulement. Je pensais que….
- T'es un frère…, fit Simon en dirigeant précipitamment vers les ascenseurs.

Largo se tourna vers Joy avec un air curieux.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Non Largo, je ne révélerais rien, rappelle-toi le secret de la confession.

Elle partit en laissant le jeune homme abasourdit.

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Kerensky regardait Scilia boire son café. Ils s'étaient installé à la cafétéria pour laisser Joy et Largo un peu seuls.

- Vas-y… Dis-le… Tu en meurs d'envie ! Fit-elle en posant sa tasse.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Tu n'aurais pas des questions sur David par le plus grand des hasards ?
- Non.
- Chaton, tu es un très bon amant mais tu ne sais me mentir, dit-elle avec un air coquin.

Kerensky se passa la main dans les cheveux. De toutes les femmes qu'il avait connues, elle était l'une des seules à pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert.

- Tu as une histoire à me raconter, je crois.
- Il y a neuf ans, j'ai un eu un grave accident de voiture. Un chauffard ivre nous a percutées de plein fouet alors que nous revenions du cinéma avec une amie. Mary est morte sur le coup et si David n'avait pas été de garde cette nuit-là, je ne sais pas si je serais encore la. Il était interne et je ne sais pas pourquoi il est venu m'apporter des fleurs quand je suis sortis des soins intensifs. Ca été le début d'une belle histoire d'amour, dit-elle en laissant échapper un soupir plein de nostalgie.
- Que s'est-il passé ?
- Il s'est passé qu'un an après notre mariage, j'ai eu un enfant. Un petit garçon… Nous l'avions appelé Thomas. Il était si fier d'être papa…(Elle fit une pause et but une autre gorgée de café). Un soir, je suis montée dans la nursery pour lui faire boire son biberon, je l'ai trouvé mort dans son berceau. A l'hôpital le médecin nous a annoncé qu'il était décédé de la mort subite du nourrisson, il avait deux mois à peine. Quelque chose s'est cassé ce jour-là. David s'est réfugié dans le travail, devenant le brillant chirurgien qu'il est, et moi, je suis partie à l'autre bout du pays.
- Je suis désolé, dit Kerensky en serrant la jeune femme dans ses bras.
- Tu ne pouvais savoir… Si on rentrait ?
- Oui… Laisse-moi d'abord prévenir Largo et prendre des nouvelles de Jess.

Ils se levèrent et quittèrent la cafétéria main dans la main.

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Simon entra doucement dans la chambre. Celle-ci était dans la pénombre et seul le bruit des moniteurs rompait le silence de la pièce. Il détailla la jeune femme allongée sur le lit. Elle était très pâle et semblait encore plus fragile les cheveux étalés sur l'oreiller. Il n'osait pas la toucher, craignant d'aggraver son état par un simple contact. Il s'assit sur la chaise près du lit. Il se sentait mal à l'aise de la voir ainsi immobile dans un sommeil artificiel. Pour une fois, il ne savait pas quoi lui dire, les mots restaient prisonniers de sa gorge et semblaient vouloir l'étouffer. Il prit une grande inspiration.

- Je n'ai jamais été doué pour parler sentiment… Enfin si… Enfin non, pas de vrais sentiments. J'ai eu beaucoup de femmes dans ma vie mais très peu qui ont eut autant d'importance que toi. En quelques semaines, tu as su capturer mon cœur pourtant si volage. Et maintenant, ça me fait peur… Parce que j'ai toujours fini par détruire celle que j'aimais, par lui faire beaucoup de mal…. Et la dernière chose que je veux, c'est te faire du mal… Tu ne sais pas qui je suis vraiment, j'ai fait des trucs moches, très moches….

La porte s'ouvrit et une infirmière lui fit signe que le temps impartit était terminé. Il se leva et sortit de la chambre, lançant un dernier regard à celle qu'il aimait. Largo et Joy l'attendaient dans le couloir. Ils l'entourèrent et l'emmenèrent vers la salle d'attente.

- Elle paraît si fragile, dit-il en s'asseyant sur l'une des chaises.
- Mais elle est forte, elle va s'en sortir, répondit Largo avec une assurance qu'il était loin de ressentir. Tu devrais te reposer. Joy nous a réservé une chambre dans le petit hôtel juste à côté de l'hôpital. Kerensky et son amie y sont déjà.
- Non merci, je préfère rester ici.
- Elle ne reprendra pas connaissance avant quelques heures, si elle te voit dans cet état tu vas lui faire peur, tenta de plaisanter Joy.
- Non, c'est gentil, mais allez-y. Je n'ai pas besoin de baby-sitter.
- Simon, il est hors de question que tu restes ici tout seul. Nous sommes tes amis et puis tu n'es pas le seul à te faire du souci pour elle, dit Largo, je vais aller chercher quelque chose à manger, la nuit risque d'être longue.

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Deux jours plus tard Jessica avait été installée dans une chambre individuelle. Celle-ci avait obstinément refusé de voir ses amis depuis que le docteur David Mitchell avait fait le point avec elle sur son état. Largo, de son coté, avait convaincu le médecin de la faire transférer dans un centre hospitalier à New York où elle recevrait les meilleurs soins possibles. Joy, Kerensky et Scilia attendaient près de la porte de la chambre Largo et Simon qui devaient annoncer à la jeune femme son prochain départ vers la grande pomme. Ils étaient en pleine discussion quand soudain un grand fracas les fit sursauter. Ils entendirent des éclats de voix sans pour autant comprendre ce qui se disait.

- Tu crois qu'ils vont s'en sortir vivant ? Demanda Joy hilare en imaginant la scène.

Un autre objet vint se fracasser contre la porte suivit de deux autres bruits sourds qu'ils ne parvinrent pas à identifier. Le silence se fit et Kerensky regarda la garde la corps en souriant.

- Oui, elle a plus de munitions.

A cet instant, Largo et Simon ressortirent en piteux état. On entendit juste la voix de Jessica hurler, avant que la porte ne se referme, de ne plus jamais l'approcher s'ils tenaient un tant soi peu à la vie. La chemise de Simon était trempée et Largo n'était dans un meilleur état que son comparse, des feuilles et des pétales de roses restaient accrochés à ses cheveux. Scilia et Joy avaient beaucoup de mal à garder leur sérieux devant un tel spectacle.

- Mesdames, je ne veux pas entendre un mot sortir de votre bouche, fit Simon en se demandant si on n'avait pas échangé sa bien-aimée contre un démon vengeur.
- Je ne sais pas si j'ai bien entendu, mais je crois qu'elle a dit non, dit Georgi en souriant.

Joy et Scilia pouffèrent de rire en regardant la mine dépitée des deux amis.

- Vous permettez que j'aille lui parler ? Demanda Scilia en recouvrant un peu de sérieux.
- Si vous êtes suicidaire, fit Simon en boudant.
- Elle ne l'est pas. Jess n'a plus de munitions, elle ne risque rien, expliqua Kerensky avec un air malicieux.

La jeune femme entra et referma la porte derrière elle. Tous tendirent l'oreille mais ils n'entendirent aucun bruit suspect. Celle-ci ressortit cinq minutes plus tard, un léger sourire sur les lèvres, en annonçant tranquillement que tout était arrangé. Simon regarda Largo n'en croyant pas ses oreilles.

- Comment ? Vous pouvez répéter ? Firent les deux hommes en chœur.
- Elle a accepté de venir à New York, répondit Scilia le plus calmement possible.
- C'est une blague, dit Simon désappointé. Elle vous connaît à peine, vous lui parlez pendant cinq minutes et elle dit oui. Nous, ça fait une demi-heure que l'on s'évertue à lui faire comprendre que c'est la meilleure solution et elle nous envoie tout ce qu'elle a sous la main à la figure ! ! !
- Elle est très convaincante quand elle le veut, vous pouvez me faire confiance, commenta Kerensky.
- Mais que lui avez-vous dit ? Demanda Largo avec curiosité tout en essayant de se débarrasser des pétales de roses dans ses cheveux.
- Je lui ai tout simplement dit que je m'occuperais d'elle personnellement quand elle sera arrivée au centre de rééducation.
- Comment est-ce possible ?
- Je suis tout simplement le chef de service de réadaptation fonctionnelle où elle doit être soignée.
- Vous ne pouviez pas le dire avant non ? Eclata Simon furieux.
- Vous ne me l'avez pas demandé, répondit Scilia innocemment.
- Et toi, tu savais ? Demanda Simon en regardant le Russe.
- Oui, bien sûr.
- Et tu ne pouvais pas le dire ?
- Non, c'était plus intéressant de vous voir essayer de la convaincre.

Joy explosa de rire et se dirigea en courant vers les ascenseurs avant que Simon ne puisse répliquer. De son coté, Largo sourit en voyant le Suisse arriver devant les portes fermées de l'ascenseur sans pouvoir s'arrêter à temps.

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Le lendemain après midi, l'Intel Unit était en route pour New York à bord du jet. Largo et Joy étaient confortablement installée dans les bras l'un de l'autre sur le canapé. Kerensky se reposait dans un des fauteuils et Simon était assis en face de lui, un sourire moqueur sur les lèvres.

- Elle ne te manque pas trop ?
- Qui ?
- La belle rousse… Tu sais celle qui en ce moment se trouve dans l'avion sanitaire avec Jessica…
- Non, pourquoi ?
- Parce que moi à ta place…
- Quoi à ma place ?
- Ben, je me méfierai de cet infirmier qui les accompagne… Il est très mignon…
- Et alors ?
- Il peut être à son goût…
- En tout cas, il a l'air d'être au tien.
- Mais qu'est-ce que tu insinue ? Fit Simon offusqué.

Il se leva et se dirigea vers le cockpit. Largo et Joy éclatèrent de rire dès que celui-ci eut disparu dans la cabine de pilotage.

- Tu crois vraiment que l'infirmier est à son goût ? Demanda Joy entre deux hoquets de rire.

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Le jour suivant, Simon alla voir Jessica qui avait été installée dans une chambre du service de Scilia. Elle devait encore passer deux bonnes semaines immobiles avant de commencer sa rééducation. Il espérait que la jeune femme serait de meilleure humeur qu'à leur dernière rencontre. Il avait un bouquet de roses dans une main et un énorme nounours dans l'autre. Il frappa à la porte et n'obtint aucune réponse. Il entra et découvrit la jeune femme allongée sur le lit, la tête tournée vers la baie vitrée.

- Jess ?
- Va-t-en Simon ! Dit-elle en continuant de fixer la baie vitrée.
- Non.
- Ne m'oblige pas à me répéter.
- Tu ne peux continuer à fuir tes amis… Tu ne peux pas continuer à me fuir…
- Je t'interdis de m'aimer, dit-elle d'une voix glaciale.
- Trop tard, je t'aime déjà beaucoup trop pour renoncer à toi.
- Et moi, je te demande de m'oublier. Je ne suis pas celle qu'il te faut.
- Laisse-moi en juger… Jessy regarde-moi.
- Je t'ai dit de t'en aller et dis aux autres que ce n'est pas la peine de se déranger, ils viendront pour rien.
- Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi têtue que toi ! Mes sentiments comptent tellement peu à tes yeux ?
- Oui… Tu ne représentes rien pour moi, confirma-t-elle en gardant le visage tourné vers la baie vitrée, des larmes menaçant de couler.
- Je ne te crois pas, tu n'aurais écrit cette lettre si tu ne ressentais rien pour moi !

Une infirmière entra et demanda à Simon de sortir, elle devait emmener la jeune femme faire des radios. Simon posa le nounours et les fleurs dans le fauteuil près de la porte et sortit dans le couloir en jetant un dernier coup d'œil à Jessica. Il vit l'infirmière la mettre sur une civière. Quand elle passa à sa hauteur, elle lui lança un regard perçant.

- Ce n'est pas la peine de revenir, dit-elle d'une voix froide. Et si tu insistes, je demanderais au service de sécurité de t'interdire l'entrée de la clinique.

L'infirmière l'emmena et Simon s'appuya contre le mur. Les dernières paroles de Jessica résonnaient encore à ses oreilles. Jamais il ne l'avait sentie aussi déterminée et aussi lointaine. Il sentit une main se poser sur son épaule et se retourna.

- Quelque chose ne va pas ? Demanda Scilia.
- C'est Jessica, elle refuse obstinément mes visites et pas seulement les miennes, mais celles de tous ses amis.
- Laissez-lui un peu de temps, elle vient de subir un gros choc. Il faut qu'elle accepte son handicap. C'est une réaction tout à fait normale.
- Que dois-je faire alors ?
- N'insistez pas pour l'instant, vous ne feriez qu'aggraver les choses, mais passez me voir, je vous donnerais de ses nouvelles.
- Combien de temps va-t-elle encore refuser de nous voir ?
- Je ne sais pas, tout dépend d'elle et de la volonté qu'elle va mettre à vouloir s'en sortir.
- Bien, merci Scilia.

Simon s'en alla la tête baissée comme si tout le poids du monde pesait sur ses épaules.

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Un mois plus tard, Scilia finissait de faire la salade quand elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elle sourit intérieurement, le meilleur moment de la journée était arrivé. Georgi posa sa veste en cuir dans sur le porte-manteau de l'entrée et alla retrouver la jeune femme dans la cuisine, un fin sourire aux lèvres. Il enlaça tendrement Scilia qu'il n'avait pas vu depuis deux jours et l'embrassa fougueusement.

- Je peux t'aider ? Demanda-t-il en lui mordillant l'oreille.
- Tu peux mettre la table pendant que je découpe la viande.
- OK… Quoi de neuf au centre ? S'enquit-il en prenant les verres.
- Je commence à désespérer. Jessica ne fait aucun effort, pourtant je sais qu'elle est capable de surmonter cette épreuve. Elle n'a pas envie de se battre et je ne peux rien faire pour l'aider. Même Simon a abandonné, je ne l'ai pas vu cette semaine. Seul Largo continue de m'appeler tous les jours pour prendre de ses nouvelles et il désespère lui aussi de la voir se rétablir. Et toi chaton, comment était ton voyage à Vienne ? Fit-elle lui tendant les assiettes.
- Ennuyeux à mourir. Je ne sais pas pourquoi Largo a insisté pour que je fasse le déplacement… Ou plutôt si, je ne le sais que trop bien.
- Que veux-tu dire ?
- Depuis que Jessica refuse de le voir, Simon est infernal avec tout le monde. Il s'acharne sur Largo dès qu'ils sont seuls tous les deux, expliqua Georgi en revenant près de Scilia.
- Le pauvre, il est si malheureux.
- Pas plus que moi. Cela fait deux jours que j'attends de pouvoir te tenir entre mes bras.
- J'aimerais tellement les aider, soupira-t-elle doucement.
- Tu ne peux pas aider ceux qui ne veulent pas l'être.
- Je sais mais tout de même… Ils s'aiment tellement.

Kerensky prit la jeune femme entre ses bras et l'embrassa tendrement.

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La semaine se passa sans grand changement. Scilia continuait à surveiller sa protégée qui ne faisait aucun progrès au grand désespoir de son kinésithérapeute, Marc Darcy, qui ne savait plus à quel saint se vouer. En dix ans de métier, c'était la première fois qu'il était sur le point d'abandonner. Il regarda la jeune femme assise dans le fauteuil roulant qui refusait de faire tout effort. Il soupira et tenta une nouvelle approche

- Tu sais, Jessy, ce fauteuil n'est pas ton ennemi, il n'est qu'une transition en attendant que tu puisses à nouveau faire fonctionner ses ravissantes jambes.

Jessica détourna le regard et ne répondit pas. Elle ne voulait pas l'écouter, elle ne voulait pas qu'il puisse la convaincre, elle voulait qu'on la laisse seule. Elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde s'acharnait à lui dire qu'elle allait guérir alors qu'elle se doutait bien que cela n'était que des mensonges destinés à alléger sa peine.

- Jessica, je ne peux pas t'aider, tant que tu auras cette attitude.
- Je ne veux pas que l'on m'aide, je veux qu'on me laisse seule ! Est-ce trop demander ? Fit-elle avec colère.

Elle sortit de la pièce aussi vite qu'elle le put. Elle ne voulait pas qu'on la voit pleurer. Elle entra dans sa chambre et claqua furieusement la porte. Scilia regarda Marc tristement et secoua la tête. Il fallait trouver un moyen de la faire réagir car plus le temps passait, plus ses chances de guérison s'amenuisaient. Elle se dirigea vers son bureau et composa le numéro du penthouse. Largo décrocha à la première sonnerie.

- Allô ?
- Largo ? C'est Scilia.
- Comment ça va ?
- Je crois qu'on a un problème.
- Que se passe-t-il ?
- C'est Jessica, elle continue de faire sa tête de mule et à refuser toute aide extérieure.
- Comment puis-je t'aider ?
- J'ai une idée…

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Le soir tombait sur la ville de New York. Jessica était assise sur son fauteuil et regardait le soleil se coucher. La porte de la chambre s'ouvrit mais elle n'y prêta aucune attention.

- Ca va durer encore longtemps ? Demanda Largo en s'asseyant sur le lit.
- Quoi ?
- Ta comédie…
- Laisse-moi !
- Non ! On t'a assez laissé jouer les martyrs !
- Ca ne te regarde pas ! Va-t-en maintenant !
- Hors de question ! Pas avant que tu n'aies écouté ce que j'ai à te dire !
- Alors dépêche-toi ! Je ne voudrais pas rater le succulent dîner que l'on nous sert.

Largo soupira. La bataille s'annonçait rude et Jessica n'avait pas l'intention de lui faciliter la tâche.

- Te cacher comme tu le fais ne mènera à rien du bon, tu le sais très bien.
- Tu donnes dans la psychologie de bazar maintenant ? Siffla-t-elle en continuant à regarder par la fenêtre.
- Non, j'applique simplement les conseils que m'a donnés une amie.
- Elle n'existe plus cette amie.
- Tu te trompes… Tu préfères tourner le dos aux gens qui t'aiment alors qu'ils n'attendent qu'un seul signe de ta part.
- Vous n'avez rien à attendre de moi ! Quant à Simon, je lui ai demandé de m'oublier.
- Sais-tu à quel point tu es en train de le blesser ? Il t'aime… Je ne sais pas s'il a jamais aimé de la sorte avant. Tu n'as pas le droit de lui faire ça !
- Cela ne te regarde pas ! C'est entre Simon et moi !
- Ca me regarde à partir du moment où il passe sa colère et sa frustration sur moi.
- Je t'en prie Largo, laisse-moi tranquille. Je n'ai plus rien à offrir à personne. Je suis vide… Il ne reste rien….

Largo se leva et s'approcha doucement de la jeune femme qui s'obstinait à ne pas le regarder. Il accroupit près d'elle.

- Je refuse de t'entendre parler de la sorte ! S'exclama-t-il avec un peu de colère, l'entêtement de la jeune femme commençait à l'énerver.
- C'est pourtant la vérité !
- Non, tu te trompes ! Et t'entêter ne servira à rien. C'est bien toi qui me disait que le silence n'amenait rien de bon ! C'est entrain de te détruire à petit feu !
- Je me trompais. De toute évidence, le silence est mon seul compagnon à présent.
- Ca veut dire que tout ce que tu m'as dit n'était que des mensonges ! Que tout ce que tu m'as fait croire n'était que du vent et que cette amitié qui nous lie depuis si longtemps n'est qu'une imposture !
- Cela n'a rien à voir avec notre amitié ! Tu avais besoin d'entendre ces mots à ce moment là, cela ne veut pas dire qu'ils puissent s'appliquer à mon cas !
- Ben voyons ! Tu me prends pour un imbécile ! Que tu ne veuilles plus de moi, ça fait mal mais je peux encore l'accepter mais pourquoi avoir dit à Simon que tu l'aimais pour ensuite le rejeter comme tu le fais ?
- Je me suis trompée, il n'est pas celui que j'attendais.
- Arrête de te mentir ! Tu l'aimes !
- Ce n'est pas vrai !
- Je ne te savais pas aussi cruelle ! Ses sentiments sont réels, je ne l'ai jamais vu se mettre dans un tel état pour une femme !
- Tais-toi ! Je ne veux plus t'entendre !
- Quoi… La vérité te fait mal ? Cela veut dire que tu es encore vivante et que tu peux encore ressentir les sentiments qui sont là en toi.

La jeune femme laissa couler les larmes qu'elle avait retenues depuis longtemps. Elle sentit Largo lui caresser le visage mais elle repoussa son geste plein de tendresse. Il se releva et la regarda avec tristesse. Elle tremblait de colère. Il avait l'impression qu'elle voulait se lever pour le gifler. Largo la vit avec surprise se lever de quelques centimètres avant de se laisser tomber, épuisée, sur le fauteuil. Il s'approcha à nouveau et la prit dans ses bras tout en lui déposant un baiser sur le front.

- Je savais que tu pouvais y arriver.

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Scilia et Kerensky attendaient patiemment le retour de Largo dans le bureau de celle-ci. Tous deux étaient très nerveux quant à l'issu de la conversation en cours.

- Calme-toi mon ange, je suis sûr qu'il va la convaincre, dit Kerensky en prenant la jeune femme dans ses bras.
- Tu crois ? Elle me fait vraiment peur, il y a une telle obstination dans ses yeux.
- Tu crois qu'elle peut faire une bêtise ?
- C'est possible. Elle met tant d'énergie à se détruire.

La porte s'ouvrit Largo apparut souriant.

- Alors ? Demanda Scilia anxieuse.
- Elle s'est levée de quelques centimètres. Pendant un instant, j'ai cru qu'elle allait bondir de son fauteuil pour me gifler.
- C'est magnifique, je n'en espérais pas tant.
- J'espère que ca va être suffisant pour lui faire entendre raison.

Le portable de Largo se mit à sonner. Joy était inquiète, elle n'avait pas réussi à trouver Simon qui devait la rejoindre pour finaliser les consignes de sécurité à mettre en place pour la journée portes ouvertes. Largo s'excusa et sortit rapidement pour rejoindre le groupe W. Kerensky embrassa Scilia et emboîta le pas de son patron. Au détour d'un couloir, il lui sembla voir une silhouette familière. Il bifurqua brusquement au moment où il vit le panneau indiquant la piscine. Son intuition lui disait que quelque chose de grave allait se passer.

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Joy était très inquiète, le vigile à la réception venait de l'appeler pour lui dire que Simon était revenu mais dans un état d'ébriété avancée. Largo entra à ce moment-là dans le penthouse.

- Alors du nouveau ?
- La réception vient d'appeler, il est dans l'immeuble.
- Eh bien, on va l'attendre devant la porte de son appartement.

Tous deux sortirent et attendirent quelques minutes mais Simon ne donna aucun signe de vie. Il se regardèrent et eurent la même idée.

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Jessica regardait l'eau de la piscine. Après que Largo soit sortit de la pièce, elle avait essayé de renouveler l'expérience. A sa grande déception, son corps refusait de lui obéir. Le désespoir la submergea. Rien de ce que lui avait dit Largo ne semblait avoir de sens. Plus rien ne semblait avoir de sens. Il lui fallait mettre un terme à ce mensonge qu'était devenue sa vie. Elle donna un dernier tour de roue et plongea dans la piscine. Kerensky entendit un bruit caractéristique d'immersion et se mit à courir. Il enleva sa veste et, une fois arrivé au bord du bassin, il se débarrassa de ses chaussures avant de plonger.

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Joy et Largo ouvrirent la porte de la terrasse. Simon était entrain de faire des allés-retours sur le garde-fou en chantant une chanson paillarde. Largo approcha doucement de son ami qui ne s'était pas encore aperçu de sa présence.

- Simon ? Dit-il doucement de manière à ne pas l'effrayer.
- Largo ! Mon pote ! Dit-il en se retournant vivement. Ca fait plaisir de te voir ! rajouta-t-il en buvant une rasade de bourbon.
- Si tu descendais, fit Largo en tendant la main vers lui.
- Pourquoi faire ? Je suis très bien ici… Je fais le bouffon, c'est tout ce que je sais faire.

Joy s'approcha doucement en restant hors du champ visuel de Simon.

- Tu es ivre ! Tu racontes n'importe quoi.
- Si, je suis un bouffon. Même la femme que j'aime, elle me croit pas !
- Arrête tes bêtises ! Dit Largo nerveusement.
- Tu sais quoi, je me demande ce que je fais ici… J'ai rien à y faire… Je reste seulement parce que tu es mon pote….
- Simon cela suffit, tu n'es pas drôle, répondit le jeune milliardaire sachant très que c'était ce que pensait une grande majorité de gens.
- Un bouffon qui n'est pas drôle, c'est une première ! Je suis le premier bouffon triste, dit le Suisse en regardant en bas…. OHHH c'est haut ! Je suis sûr que ca doit être chouette.
- Qu'est-ce qui doit être chouette ? Demanda Largo très inquiet.
- De faire le grand saut comme ton gentil petit papa. Avec un peu de chance, j'atterrirais même sur les pieds comme un chat. Il parait qu'ils ont neuf vies, ils pourraient m'en prêter une. Allez, on se retrouve en bas, dit-il en se jetant dans le vide.
- Simon ! ! Hurla Largo.

Joy se précipita et l'attrapa par le pied au dernier moment. Elle manqua d'être entraînée dans sa chute par le Suisse mais Largo la retint par la taille. Tous deux le remontèrent tant bien que mal sur la terrasse.

- Pourquoi elle veut pas de moi ? Dit-il avant d'éclater en sanglot dans les bras de son ami.

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Georgi trouva rapidement Jessica et tenta de la remonter. La jeune femme se débattit vigoureusement avant que le Russe ne la ceinture et ne la remonte à la surface. Il se dirigea vers les marches se trouvant sur un coté du bassin. Il la tira hors de l'eau avant de l'asseoir par terre.

- Comment oses-tu ? Explosa-t-elle entre deux quintes de toux.
- Tu voulais que je te laisse au fond de ce bassin ?
- Oui, fit-elle avec colère.
- La mort n'est pas une solution.
- Elle l'est pour moi !
- Tu te trompes ! Dit Georgi en essayant de ne pas laisser la colère l'envahir.
- Comment peux-tu le savoir ? Il n'y a que moi qui puisse décider cela.
- Et rendre tes amis malheureux ?
- Ce sera un poids en moins sur leurs épaules !
- Tu es stupide si tu crois qu'ils te considèrent comme une charge ! Ils t'aiment… Moi y compris, continua-t-il d'une voix douce. Et je refuse de te laisser mourir à cause de ton orgueil mal placé.
- Tu ne comprends pas. Jamais je ne pourrais rendre Simon heureux !
- Parce que tu es dans un fauteuil ? C'est ridicule !
- Il n'y pas que cela Georgi, il n'y pas que cela…
- Quoi d'autre ? Qu'est-ce qui justifie un tel geste ?
- Tu ne peux pas comprendre.
- Explique-moi !
- Non…
- Jessica Wardfield, tu vas me dire ce qu'il y a sinon c'est moi qui me chargerai de ta rééducation.
- Tu n'y connais rien !
- C'est là où tu te trompes…. J'en sais beaucoup plus que tu ne le crois….
- Si c'est une ruse pour que….
- Je n'ai pas pour habitude de mentir à mes amis… J'ai connu quelqu'un, quand j'habitais encore la Russie, qui s'est retrouvé dans un fauteuil après avoir été renversé par une voiture. Les moyens hospitaliers sont très limités là-bas alors nous nous sommes débrouillés avec les moyens du bord. Vassili était comme toi, il refusait qu'on l'aide. Il croyait sa vie finie. Tout lui était complètement égal. Tout le village s'est mobilisé pour l'aider. Les uns ont construit un petit centre de rééducation, les autres venaient l'aider pour les travaux de la ferme. Les enfants venaient lui raconter des histoires pour l'égayer. Moi j'étais chargé de lui faire faire ses exercices, les médecins m'avaient montré comment faire. Mais il ne voulait toujours rien entendre, il ne faisait aucun effort, jusqu'au jour où il a vu une petite fille jouer près d'une vieille baignoire qui servait d'abreuvoir. Le temps était glacial, la petite fille a glissé et est tombée tête la première dedans. Vassili a réfléchit avec son cœur et non avec son corps. Il a réussi à se mettre debout et à la sortir de là avant qu'elle se noie.
- Et alors ? Demanda-t-elle avec un air revêche.
- Et alors, si tu étais moins obstinée, tu comprendrais qu'il faut penser avec ça, fit-il en désignant le cœur de Jess. Tu es quelqu'un de fort, tu nous l'as déjà prouvé. Alors qu'est-ce qui t'empêche de recommencer ?
- Simon.
- Pourquoi ?
- Parce que je l'aime.
- Et alors ? fit Kerensky en secouant la tête
- Justement jamais je ne pourrais faire de lui un homme comblé, jamais je ne pourrais lui donner d'enfants, avoua Jess doucement.
- Je ne comprends pas, tu…
- Il y a des choses que tu ne sais pas sur moi et qui ont eut des conséquences irréversibles.
- C'est à cause de ce qui c'est passé, il y a douze ans ?

Jess le regarda avec surprise. Elle n'avait jamais parlé avec personne à part Largo de cet événement. Comment pouvait-il savoir ? Peu lui importait, elle regarda le Russe et elle y vit une douceur et une détermination qui la toucha

- Ce n'est pas à toi de prendre cette décision, continua-t-il avec douceur. Lui seul peut juger de ce qui est bien pour lui. Tu crois l'épargner mais tu le blesses profondément en ne lui faisant pas confiance.

Il la prit dans ses bras et elle nicha sa tête au creux de son épaule, laissant couler des larmes libératrices. Ils entendirent des pas, Marc et Scilia apparurent, inquiets, dans l'embrasure de la porte. Marc déposa une serviette sur les épaules de Jessica avant de la ramener dans sa chambre sans lui poser de questions mais il vit à son regard que quelque chose avait changé.

- Que s'est-il passé ? L'interrogea Scilia en lui tendant une serviette.
- Pas grand chose. Jessica et moi avons une petite discussion à cœur ouvert.
- Et vous étiez obligé de plonger pour ca ?
- Elle a glissé, je ne pouvais pas la laisser se noyer, fit-il avec un air mutin.
- Bien sûr…
- Au fait, n'oublie de faire repêcher le fauteuil.

Scilia le regarda mais elle savait qu'il n'en dirait pas plus. Elle se promit néanmoins de le cuisiner une fois rentrés à la maison.

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Quand Kerensky passa ce soir-là au penthouse, avant de rentrer rejoindre sa compagne, pour informer Largo des derniers rebondissements, il trouva ses amis en grande discussion avec Simon qui avait une mine horrible.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il inquiet.
- Rien, j'ai encore fait l'imbécile, répondit Simon dans un soupir.
- Oui il a voulu apprendre à voler sans parachute, fit Joy avec sarcasme. Et toi ? Tu était passé où ? continua-t-elle avec curiosité en voyant les longs cheveux du russe mouillés.
- Eh bien disons que j'avais une affaire à régler d'urgence, répondit-il ne voulant pas parler devant Simon de ce qui c'était passé.

Le silence retomba seulement interrompu pas le sifflement de la bouilloire. Joy se dirigea vers la cuisine où elle fut rejointe par Kerensky.

- Il a vraiment voulu sauter ? demanda-t-il
- Oui il était soûl comme un polonais.
- C'est la soirée on dirait.
- Que veux tu dire ?
- Et bien Jessica a décidé de faire le grand plongeon dans la piscine.
- Et elle va…
- Elle va bien… Nous avons eu une grande discussion. Je ne sais pas si j'ai réussi à la convaincre mais en tout cas il y avait quelque chose dans ses yeux de nouveau quand le médecin l'a ramenée dans sa chambre.

Quand ils revinrent dans le salon, Largo était entrain de sermonner le suisse pour la folie qu'il avait failli commettre cette nuit-là.

- Tu ne rend pas compte de la peur que tu nous a fait… Si tu allais si mal que cela pourquoi ne pas être venu m'en parler, je croyais qu'on était amis.
- Et nous le sommes, mais je…
- Une amie m'a dit un jour que le silence n'amenait jamais rien de bon et je sais de quoi je parle.

Largo regarda Joy qui lui fit un signe d'encouragement, le moment était venu de tout dire. Il soupira, il aurait préféré en parler dans d'autres circonstances et avec Jessica à ses cotés pour l'aider.

- Tu ne voulais pas vraiment mourir, n'est-ce pas ? demanda-t-il doucement, il craignait la réponse de son ami.
- Non, je voulais juste…
- Arrêter d'avoir mal ?

Simon hocha la tête et se prit la tête entre ses mains tout en essayant de retenir ses larmes. Depuis que ce cauchemar avait commencé, il avait refusé de partager sa peine avec qui que ce soit. Il pensait être assez fort pour tout supporter tout seul. Malheureusement il s'était trompé mais ne savait plus comment demander de l'aide après ce qu'il avait fait subir à Largo. C'était si facile de s'en prendre à lui, il savait que c'était son ami et qu'il lui pardonnerait tous ses débordements.

- Comment tu sais ?
- Parce que j'ai tenté de faire la même chose il y a longtemps, répondit-il en montrant ses poignets à son ami.

Simon approcha sa main et du doigt suivi la trace des fines cicatrices presque effacées par le temps.

- Quand ? Pourquoi ne jamais en avoir parler ?
- Parce que ca faisait trop mal. Je me sentais si coupable.
- Je ne comprend pas, que s'est-il passé pour que tu aie eu envie d'en finir ? demanda Simon.

Il avait beau fouiller sa mémoire, il ne trouvait aucun événement susceptible d'avoir de telles conséquences et puis même il s'en serait rendu compte, vu qu'ils ne s'étaient pratiquement plus quitté depuis qu'il s'étaient rencontrés. Largo regarda Joy qui lui serra la main peu plus fort. De son coté Kerensky suivait la discussion avec grand intérêt. Il se doutait bien que ce que jeune milliardaire allait leur révéler était important

- Tu te souviens il y a sept ans quand tu es rentré pour aider Vanessa ? Tu es resté absent plusieurs mois.
- Oui je me souviens très bien, même que je n'étais pas sûr de te retrouver à mon retour, dit-il. Le silence retomba. Que s'est il passé pendant mon absence ? demanda-t-il doucement, même il n'était pas sûr de vouloir entendre la réponse
- Il s'est passé que… Je…

Il ne savait pas comment le dire, les mots lui manquaient. Joy l'encouragea du regard. Largo poussa un soupir et reprit d'une voix tremblante

- Peu de temps après que je sois arrivé à Los Angeles, la vieille guimbarde que je conduisais est tombé en panne dans un secteur de la ville peu recommandable.
- Oui, me souviens très bien de ce vieux tacot, combien de fois t'ai-je dit qu'il était bon pour la casse… Mais tu t'entêtais à bichonner cette antiquité.
- Quatre types sont arrivés alors que j'avais la tête sous le capot et moi j'ai cru qu'ils pourraient m'aider.

Devant le regard pleins de reproches de Simon, il leva une main pour l'empêcher de parler

- Oui je sais ce que tu vas me dire… Que j'aurais dû m'en méfier… C'était stupide, mais il faisait nuit, j'étais crevé, j'ai cru que… mais au lieu de cela, ils m'ont…

Largo s'interrompit un instant et but une gorgée de thé qui lui brûla la gorge

- Ils t'ont quoi Largo ? demanda Simon, ils t'ont tabassé ?
- Oui et pire encore, dit le milliardaire.
- Pire encore ? fit Georgi en repensant aux informations qu'il avait trouvé quelques temps auparavant.
- Oui, ils m'ont violé, dit-il dans un souffle tout en baissant la tête.

Il ne pouvait se résoudre à affronter leurs visages maintenant qu'ils connaissaient la vérité. Simon sentit la rage monter en lui. Comment celui qu'il considérait comme un frère avait-il pu garder une telle chose pour lui ? Pourquoi avait il gardé le silence pendant si longtemps ?

- Comment as-tu pu ? Je pensais que nous étions amis ! Non plus que cela, je croyais que nous étions frères ? fit-il la voix pleine de colère. Tu n'avais pas confiance en moi ?
- Ca n'a jamais été une question de confiance Simon. Quand c'est arrivé, je me suis senti si seul. C'est là que j'ai rencontré Jessica, je ne comprenais pas pourquoi elle s'acharnait à m'aider. Toujours est il qu'elle a tout tenté pour que je m'en sorte, mais j'étais têtu, je ne voulais pas parler. Je ne pouvais admettre que cela m'était arrivé à moi, tu comprends. Je me sentais coupable, sale. J'avais honte parce que je n'avais pas réussi à me défendre.
- C'est le monde à l'envers, dit Kerensky, c'est la victime qui se sent coupable.
- Oui c'est ce qu'il y a de pervers dans ce genre d'agression, c'est souvent la victime qui se retrouve sur le banc des accusés. C'est souvent elle qui est accusée d'avoir cherché ce qu'il lui est arrivé. Néanmoins dans mon malheur j'ai eu de la chance, les policiers m'ont traité comme une victime et non comme un criminel et mes pas ont croisé le chemin de Jessica. Pourtant est arrivé un moment où l'idée même de me regarder dans la glace me révulsait. Je n'ai vu qu'une sortie et elle était définitive. Heureusement Jessica est rentré plus tôt et m'a trouvé. D'après les médecins, j'ai eu de la chance, je m'en suis tiré à bon compte quelques points de sutures et une légère plaie du cuir chevelu. Je me suis cogné la tête sur le rebord de la baignoire quand j'ai perdu connaissance.
- C'est pour cela que tu as voulu partir tout de suite quand je suis venu te retrouver ?
- Oui, je voulais aller loin parce que je pensais que cela atténuerais la douleur
- Mais… laissa en suspens Kerensky
- Mais cela n'a servi à rien… Et puis avec le temps, j'ai cessé d'y penser en apparence, je croyais avoir réussi à oublier…
- Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi tu ne m'as rien, j'aurais pu comprendre, dit Simon un peu plus vivement qu'il ne l'aurait voulu

Tout ceci le dépassait, il ne comprenait pas comment il avait pu être aveugle à ce point là. Pourquoi n'avait-il rien remarqué pendant toutes ses années ? Il en voulait à Largo d'avoir gardé le silence aussi longtemps mais il s'en voulait encore plus de n'avoir rien vu.

- Je ne pouvais pas, j'étais persuadé que….
- Je ne voudrais plus de toi comme ami, termina Simon. Là je peux te dire que tu as été stupide, même plus que stupide. Tu crois vraiment que j'aurais laissé tomber un ami, qui plus est mon meilleur ami, dans une situation pareille ?
- Cela me semblait évident à l'époque. Jessy a essayé de me convaincre de t'en parler mais encore une fois j'ai refusé, dit-il en regardant le suisse dans les yeux pour la première fois depuis son aveux. Tu m'en veux, n'est-ce pas ?

Simon sembla réfléchir un instant ne sachant pas quoi répondre. Il n'avait jamais rien caché a son meilleur ami. Il avait horreur du mensonge peut être parce que lui-même avait été obligé de mentir une partie de sa vie. Il soupira.

- Non… Enfin oui… Je n'aurais jamais pensé que tu puisses me cacher quelque chose comme cela, dit Simon calmement, même si je peux comprendre pourquoi tu l'as fait. Ce que tu as vécu c'est… Il chercha le mot juste mais il ne le trouva pas. En fait c'est à moi que j'en veux, j'aurais dû savoir que quelque chose n'allait pas, j'aurais dû…
- Non, Simon, tu n'y es pour rien, c'était ma décision… Je suis désolé.
- J'hallucine ! Tu ne vas tout de même pas t'excuser de t'être fait agressé aussi ? fit Simon excédé.
- Avant peut-être mais plus maintenant. J'ai enfin compris que j'étais la victime et non le coupable.
- Qu'est-ce qui t'as fait changé d'avis ?
- Jessica, c'est elle qui a réussit ce miracle, après ce qui s'est passé avec Montrose, elle ne m'a pas vraiment laissé le choix.
- Quand je disais que c'est quelqu'un de génial, fit Simon avec un sourire rêveur. Tu es sûr que maintenant ca va ? fit-il inquiet en regardant son ami dans les yeux pour bien lui montrer que même s'il se sentait blessé par ce manque de confiance, ils n'en restaient pas moins des frères.
- Oui je peux te l'assurer, je n'ai plus peur maintenant. Je ne suis pas encore tout à fait " guéri " mais je suis sur la bonne voie, répondit Largo en souriant. Et oui tu as raison Jessica est quelqu'un de génial, il faudra que je pense à le dire plus souvent.

A la mention du nom de la jeune femme, le russe se contracta. Il se devait de dire ce qui c'était passé ce soir là. Simon remarqua son malaise. Depuis qu'il fréquentait Scilia, il avait imperceptiblement baissé ses barrières et laissait par moment transparaître ses sentiments.

- Il y a un problème ? demanda le suisse en regardant le russe.
- Non plus maintenant.
- Que veux-tu dire ?

Kerensky soupira il n'y avait pas de bonne manière d'annoncer qu'une personne aimée avait tenter de mettre fin à ses jours. Il regarda un instant Joy et Largo avant de s'attarder sur Simon. Celui-ci avait changé depuis que Jessica l'avait repoussé, le jeune homme volubile et blagueur avait laissé place à un Simon taciturne et silencieux. Il s'était plongé dans le travail pour oublier. Des cernes lui mangeait la moitié du visage à cause de la boisson et du manque de sommeil. Il flottait maintenant dans ses jeans et ses chemises qui d'ailleurs étaient d'un sobre à faire peur. Kerensky secoua la tête, il était temps que cela s'arrête et que ces deux têtes de mules qui lui servaient d'amis cessent de se détruire.

- Jessica a tenté de se suicider, dit-il sobrement.

Un silence pesant retomba dans la pièce, chacun assimilant la nouvelle que Georgi venait de leur communiquer.

- Comment va-t-elle ? demanda le suisse d'une voix étranglée.
- Elle va bien, ne t'inquiète pas Simon, on est arrivé a temps.
- Qui ça on ? demanda Largo. Je pensais qu'après la discussion que j'ai eu avec elle, elle allait mieux.
- Je ne sais pas ce que vous vous êtes dit, tout ce que je sais, c'est que je l'ai repêché dans la piscine.
- Il faut que j'aille la voir, fit Simon d'un air décidé en se levant.
- Ecoute il est près de deux heures du matin, dit Largo en retenant son ami par le bras, laisse-la se reposer, elle ne risque plus rien et puis si tu y vas comme ça tu risques de lui faire peur.

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Le lendemain, Jessica se réveilla pour le première fois depuis des semaines sereine, comme un grand poids lui avait été enlevée, pourtant il lui restait quelque chose de très important à faire, demander pardon à ses amis pour son comportement, mais surtout il lui fallait parler à Simon. Mais lui voudrait-il lui parler ? Après tout ce qu'elle lui avait fait subir, l'aimait-il encore ? Voudrait-il venir la voir ? Plongée dans ses pensées, elle n'entendit pas la porte de sa chambre s'ouvrir. Elle était allongée sur son lit, la tête tournée vers la baie vitrée. Simon stoppa net quand il la vit, elle était encore plus belle que dans ses souvenirs. La lumière pénétrant dans la chambre formait une sorte de halo autour d'elle qui la faisait ressembler un ange. Il s'approcha doucement et s'assit sur lit, elle tourna doucement la tête et sourit en le découvrant près d'elle. Son cœur s'emballa et elle n'eut qu'une envie, l'embrasser. Elle caressa le visage du suisse du bout des doigts, lui n'osait bouger il avait trop peur que ne soit qu'un simple rêve. Jessica prit le visage de l'homme qu'elle aimait entre ses mains et l'approcha pour l'embrasser doucement d'abord puis avec passion. Quand enfin ils se séparèrent à bout de souffle, ils restèrent à se regarder un long moment aucun des deux ne voulant briser cet instant magique.

- Je t'aime, murmura-t-elle.

Simon ne pouvait croire ce qu'il entendait, il avait attendu ces mots depuis si longtemps.

- Je suis désolée, dit-elle ne baissant les yeux.
- C'est fini, maintenant c'est du passé, fit-il en la prenant dans ses bras et l'embrassant à nouveau, tu m'as tellement manquée.
- Je… Il faut qu'on parle….
- Plus tard mon amour, laisse-moi savourer cet instant, dit Simon les larmes aux yeux en l'embrassant de plus belle.

@@@@@@@@@@

Six mois plus tard, tout l'Intel Unit, Scilia et Jessica se retrouvèrent dans le penthouse pour fêter dignement le réveillon de Noël. Joy et Largo regardaient d'un œil complice leurs invités. Scilia était subjugué par la vue exceptionnelle que le jeune milliardaire avait de son bureau. Kerensky l'enlaça et déposa un baiser dans son cou.

- Ca va ?
- Très bien… Maintenant que tu es près de moi.

Simon, de son coté, ne se lassait pas de d'admirer Jessica. Elle rayonnait littéralement de bonheur. Cela faisait maintenant près d'un mois qu'ils avaient emménagé dans l'appartement de celui-ci, qui avait été refait pour l'occasion. Après leurs deux tentatives d'en finir avec leur souffrance, ils avaient eut une discussion à cœur ouvert où Simon et elle avaient parlé de tout. Jessica lui avait alors avoué son viol et sa conséquence la plus terrible, elle ne pourrait jamais lui donner d'enfant. Le Suisse l'avait alors pris dans ses bras en lui assurant que cela ne changeait rien à son amour pour elle, qu'il y avait tant d'enfants à aimer en ce monde qu'ils n'auraient que l'embarras du choix.

- C'est l'heure des cadeaux ! Fit Largo qui terminait de débarrasser la table avec Joy.
- Vous êtes surs que vous n'avez pas besoin d'aide ? Demanda Scilia.
- Non ! Dirent les deux en chœur, Kerensky ne nous pardonnerait pas de te faire travailler par une aussi belle soirée.

Il se réunirent tous dans le coin salon où des paquets s'amoncelaient au pied du sapin.

- Je commence, dit Largo avec l'air d'un gamin déluré en posant sur les genoux de sa garde du corps une petite boite en velours.

Joy l'ouvrit et resta bouche bée. La petite boite contenait une belle bague sertie d'un petit diamant en forme de cœur. A celle-ci il y avait une petite carte d'accrochée. " Epouse-moi… ". Elle releva la tête et croisa son regard avant de lui sautant au cou.

- Je suppose que ca veut dire oui ?

Joy l'embrassa de plus belle, l'empêchant de dire plus de bêtises, sous le regard ravi de leurs amis.

- Il était temps, souffla Simon à l'oreille de Scilia
- Je t'ai entendu, dit Largo en souriant. Et maintenant un autre cadeau ! A qui le tour ? Ah je sais ! A toi ma belle.

Il tendit une enveloppe à Jessica qui le regarda avec surprise. Elle l'ouvrit, regarda son contenu, la referma et regarda Largo

- Je ne voudrais pas paraître ingrate mais tu peux m'expliquer ?
- Pardon ? Ah oui j'oubliais ceci, dit-il en lui déposant un gros paquet sur les genoux.

Intriguée, Jessy défit le nœud et arracha le papier. Elle trouva une maquette avec une inscription " Wardfield Institute ".

- Tu… je… hein ? Bafouilla-t-elle.
- Tu ne devines pas ?
- C'est gentil mais j'ai passé l'âge de jouer à la maison de poupée.
- C'est une bonne idée sauf que cette maison risque bien de ne pas tenir dans ton salon, rétorqua Largo avec un sourire.
- Une maquette… Un terrain... Est-ce que c'est ce que je pense ?
- Oui, tous ceux que tu vois ici ont participé à ce projet. Le centre d'aide aux victimes d'agressions sexuelles devrait ouvrir ses portes dans six mois.
- Ils savent ? Demanda-t-elle abasourdie.
- Oui.
- Ils savent tout ?
- Oui, tout. Nous avons eu une discussion très intéressante une certaine nuit, il y a six mois. J'ai aussi un dernier cadeau pour toi. Celui que tu attends depuis près de sept ans. Oui, j'ai été violé et j'ai survécu, déclara doucement Largo devant tous ses amis.

Des larmes coulèrent sur le visage de la jeune femme. Elle avait attendu ce moment depuis si longtemps, le moment où Largo admettrait enfin ce qui lui était arrivé et n'aurait plus honte d'en parler avec ses proches. Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras.

- Merci pour tout, souffla-t-il au creux de son oreille, je t'aime.

Elle l'embrassa à son tour sur la joue et il retourna s'asseoir auprès de Joy qui elle aussi avait du mal à ne pas laisser échapper quelques larmes de bonheur.

- A mon tour maintenant, dit Jessica émue. Ces derniers mois n'ont pas été simples. Scilia pourra en témoigner parce que je l'ai fait tourner en bourrique à plusieurs reprises. Mes peurs, mes doutes ont bien failli à plusieurs reprises me faire abandonner. Mais grâce à vous, et votre soutien à tous, j'ai réussi à accomplir un petit miracle. Attachez vos ceintures et ouvrez bien vos yeux.

Scilia se glissa derrière Jessica et tint son fauteuil. Celle-ci prit appuis et se mit debout. Elle regarda Simon qui avait les larmes aux yeux. Elle fit quelques pas pour le rejoindre et l'embrassa passionnément. Le silence retomba dans la pièce, tous regardaient le couple terrible qui leur donné tant de sueurs froides. Simon s'assit sur l'un des fauteuils et prit la jeune femme sur ses genoux. Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste en sortit un petit sac en cuir noir qu'il tendit à la jeune femme. Celle-ci l'ouvrit les mains tremblantes et en sortit un camé bleu.

- C'est magnifique, murmura-t-elle.
- Il appartenait à ma mère, je voulais qu'il soit à la femme que j'aime, dit-il en provoquant à nouveau les larmes de sa fiancée.

Kerensky se leva et sortit plusieurs enveloppes de la poche intérieure de sa veste.

- Au fait, j'espère que vous n'avez rien de prévu le 30 janvier ?
- Pourquoi ? Tu fais une nouba ? Demanda Simon.
- En quelque sorte, fit-il avec un air mystérieux en leur donnant chacun une enveloppe avant de reprendre sa place auprès de Scilia qui souriait.

Joy ouvrit l'enveloppe et lut le texte avec soin

" Mlle Scilia Matthews et M. Georgi Kerensky
sont heureux de vous annoncer leur prochain mariage
célébré par le Père Maurice
en l'église St Michael, le samedi 30 janvier à 17h "

Joy, Largo, Simon et Jessica relevèrent la tête en même temps et regardèrent le couple avec stupeur.

- Tu… Georgi ? Fit Joy étonnée. Scilia, tu es sûre de ce que tu vas faire ? Continua-t-elle avec malice.
- Oui, j'ai les choses en main, ne t'inquiètes pas. Surtout que bientôt notre famille va s'agrandir.

Georgi faillit lâcher son verre de vodka. Il regarda la jeune femme qui hocha la tête. Son visage se fendit d'un énorme sourire et il l'embrassa avec fougue et passion. Les autres se regardaient, ayant un peu de mal à imaginer le Russe en père de famille.

- Ben alors… Félicitations, hurla Simon.

Largo relut l'invitation au mariage et se gratta la tête d'un air médusé.

- Le père Maurice ? Il est au courant ? Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? Je l'ai vu la semaine dernière.
- J'imagine que le fait que Georgi lui ait promis de lui casser les jambes s'il te disait quoique ce soit y est pour quelque chose, dit Scilia en riant.
- Je reconnais son style, toujours aussi délicat, dit Joy le sourire aux lèvres
- Ah mais je ne fais que dans la finesse… Je suis passé maître dans cet art, répondit Kerensky avec un air qui en disait long.
- Et pas que dans celui-là, croyez-moi, dit Scilia en courrant se cacher derrière le sapin.
- Excusez-moi un instant, j'ai deux à dire à ma future femme, dit Kerensky avec un air conspirateur.

Les autres se mirent à rire. Finalement le destin leur jouait de drôles de tours. Un malheur débouchant sur trois mariages ce n'était pas tous les jours qu'on voyait cela…


Fin



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