Amnésie

Chapitre 1

Disclaimer : Les personnages de Largo Winch ne m'appartiennent pas. Je ne tire aucun bénéfice si ce n'est de faire plaisir aux autres fans de la série
Style : NC17, Romance, Aventure
Résumé : Une jeune femme refait surface dans la vie de Largo, ceci n'est pas sans conséquences pour l'Intel Unit
Auteur : Un commentaire ? Vous pouvez les adresser ici Lady Heather
Note de l'auteur : WARNING ! ! ! ! Cette fic traite d'un sujet délicat en l'occurrence le viol même s'il n'y a pas de scènes très détaillées. Si cela ne vous gène pas, bonne lecture, sinon... Attendez ma prochaine fic

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La chambre était dans la pénombre, seuls quelques rayons de soleil entraient par l'entrebâillement des rideaux. Ils jouaient avec les boucles de couleur châtain de la jeune femme qui reposait sur le lit au milieu de la pièce. Seuls les bips des moniteurs de contrôle venaient troubler la tranquillité des lieux. Une infirmière entra accompagnée d'un médecin.

- Voyons voir comment va notre Jane Doe aujourd'hui.

Il examina la jeune femme avec minutie comme si cette attention pouvait leur donner quelque indice que se soit sur son identité. Elle était arrivée aux urgences de l'hôpital City of Angels quelques jours auparavant avec des blessures graves. Elle avait visiblement été battue et son agresseur avait voulu l'achever en lui tirant une balle dans le cœur. Heureusement, il avait raté sa cible d'un demi-centimètre. L'examen ne révéla aucune amélioration, elle était toujours dans le coma. Quand ils sortirent de la chambre, un policier les attendait.

- Bonjour Dan, salua le médecin en lui tendant la main.
- Bonjour. Comment va-t-elle ?
- Son état est stationnaire, elle est toujours dans le coma ce qui, en soi, est une bonne chose. Elle souffrirait trop si elle était consciente. Et de ton côté, rien de neuf ?
- Nous avons trouvé son portefeuille mais il n'y avait rien dedans qui puisse nous aider à l'identifier excepté cette photo, fit le policier en la lui donnant.

Le médecin l'examina et la tendit à l'infirmière qui se tenait toujours près de lui. Elle fronça les sourcils, elle avait déjà vu cet homme mais elle n'arrivait pas à se rappeler où.

- Qu'y a-t-il, Beth ? Fit l'inspecteur en voyant l'infirmière se diriger vers la salle d'attente.
- J'ai déjà vu cette tête-là quelque part.
- Comment ça ?
- J'ai discuté avec ma sœur et on a plaisanté sur le fait qu'elle aimerait rencontrer l'homme de sa vie.
- Je ne vois pas le rapport.
- Et bien, elle m'a tendu un magazine en me disant qu'elle aimerait que l'homme idéal ressemble à celui de la couverture. Je suis prête à parier que c'était lui.

Elle farfouilla entre les magazines posés sur une table basse dans la salle d'attente.

- Je savais bien que j'avais raison, dit-elle en tendant un exemplaire d'un journal people au policier. Regarde Dan, tu vois… Ton type, bien qu'il ait l'air plus jeune sur la photo, s'appelle Largo Winch et c'est l'un des hommes les plus riches du pays.

Le policier fit la moue. Quelque chose lui disait que tout n'allait pas être aussi simple qu'il le pensait. Il reprit la photo et alla jeter un coup d'œil à la jeune femme, comme il le faisait tous les jours.


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Tout était tranquille au penthouse. Largo étudiait avec Joy le système de sécurité à mettre en place dans l'une de leurs usines où il y avait eut deux intrusions en quelques mois. Le téléphone sonna, il répondit distraitement.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Joy en regardant l'air inquiet de Largo qui reposait l'appareil.
- La police est ici.
- Ils ont dit ce qu'ils voulaient ?
- Non, mais je suppose que l'on ne va pas tarder à le savoir, fit le jeune homme en entendant frapper à la porte du penthouse.

Joy alla ouvrir et se retrouva devant un homme du même âge que son patron. Il avait des yeux bleu océan et des cheveux mi-longs retenus par un catogan. Elle lui fit signe d'entrer.

- Bonjour, fit Largo en tendant la main pour saluer le policier.
- Bonjour, je suis l'inspecteur Daniel Miller, répondit-il en montrant sa plaque.
- Que puis-je pour vous ?
- Eh bien, nous avons trouvé une jeune femme blessée non loin d'ici que vous pourriez peut-être nous aider à identifier. C'est bien vous sur cette photo ? Demanda-t-il en la lui présentant.

Il examina le cliché. Jessica… Ca faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu de ses nouvelles. Elle avait été une très bonne amie, toujours là pour lui, même dans les moments les plus noirs. Il revoyait leur dernière rencontre : elle avait tenté de lui faire comprendre que sa dernière conquête se servait de lui, pour faire passer des armes de l'autre coté de la frontière, dans sa vieille voiture. La dispute qui avait éclaté avait été violente. Il l'avait accusée de jalousie et était parti sans se retourner en déclarant qu'il ne voulait plus jamais la revoir. Il avait été si aveugle qu'il avait sacrifié leur amitié et leur confiance mutuelle pour l'amour de la belle rousse. Seul son orgueil l'avait empêché de s'excuser quand il avait découvert qu'elle disait vrai et après, il avait été trop tard. Le mal était déjà fait. La main de Joy sur son épaule le ramena à la réalité.

- Oui, c'est bien moi…
- Alors vous connaissez cette jeune femme ?
- Oui, elle s'appelle Jessica Wardfield. Aux dernières nouvelles, elle travaillait toujours pour la police de Los Angeles. Vous dites qu'elle est blessée ?
- Oui, elle a été battue puis on lui a tiré dessus, elle est pour le moment dans un état grave à l'hôpital City of Angels.
- Mon dieu, dit Largo troublé par la nouvelle, elle va s'en sortir ?
- D'après le médecin, elle a de grandes chances. Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ?
- Notre dernière rencontre remonte à quatre ans au moins. Je ne savais même pas qu'elle était en ville.
- Bien. Merci, M. Winch.

Le policier partit laissant le jeune homme abasourdi par la nouvelle. Il sembla réfléchir un instant puis il prit sa veste et sortit, Joy sur ses talons.

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Dans une villa de Malibu, le téléphone se mit à sonner. Un homme d'un certain âge répondit.

- Elle est toujours en vie, fit une voix, votre homme a échoué.
- Alors faites ce qu'il faut. Le problème doit être résolu avant que le prochain chargement n'arrive.
- Comme vous voudrez mais cela risque d'attirer inutilement l'attention sur nous…
- Si jamais elle parle, nous pouvons dire adieu à notre investissement…
- Bien, vos ordres seront exécutés.

L'homme reposa l'appareil, alluma un cigare et sourit. Bientôt, le dernier obstacle à la prospérité de ses affaires aurait disparut.

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Largo entra dans la chambre où reposait la jeune femme. Son cœur se serra à sa vue. Elle était si pâle et encore plus menue que dans ses souvenirs. Ses longs cheveux châtains étaient éparpillés sur l'oreiller. Il s'assit dans le fauteuil près du lit et prit sa main dans la sienne. Il y déposa un doux baiser, puis il caressa son visage retenant avec peine ses larmes

- Je suis désolé, Jess. Je n'aurais jamais dû te laisser tomber comme cela.

Le silence retomba dans la pièce. Il ne savait pas trop quoi lui dire, c'était comme se retrouver devant une étrangère qu'il connaissait pourtant très bien. Une infirmière entra pour leur signaler la fin des visites. Largo avait du mal à la quitter maintenant qu'il l'avait retrouvée. Il lui promit de revenir le lendemain et déposa un doux baiser sur son front.

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Dans la voiture, un silence pesant s'installa. Joy avait bien essayé de le faire parler mais il n'avait répondu que par monosyllabes, la dissuadant de continuer la conversation. Arrivé au groupe W, il monta s'enfermer au penthouse sans décocher un seul mot. Joy soupira et alla rejoindre Kerensky et Simon au bunker.

- T'en fait une tête, dit Simon en la voyant entrer, mauvaise journée ?
- Quelque chose comme ça, fit-elle en se laissant tomber sur l'une des chaises.

Kerensky leva les yeux et observa la jeune femme. Elle avait l'air triste et inquiète. Comme si quelque chose, ou quelqu'un, avait envahi son territoire.

- Simon, est-ce que Largo t'as déjà parlé d'une jeune femme appelée Jessica Wardfield ?
- Jess ? D'où tu la connais ? S'exclama Simon surpris. Ca fait au moins quatre ans que je ne l'ai pas revu.
- La police est venue nous demander de l'aide pour l'identifier.
- Tu veux dire qu'elle est morte ?
- Non, elle est dans le coma et Largo semble bouleversé.
- Ca ne me surprend pas. Il n'a jamais voulu me dire comment il l'avait rencontré. Mais ils étaient très amis, ils passaient beaucoup de temps ensembles chaque fois que nous passions du coté de Los Angeles.
- Que peux-tu me dire d'autre ?
- Pourquoi veux-tu savoir ? Demanda Simon
- Connaissant Largo, une fois le choc passé, il va vouloir trouver ceux qui ont fait cela, répondit-elle.
- Elle travaillait à l'époque pour la police. Ils ont eut une grosse dispute, je ne sais pas à quel sujet. Il n'a jamais voulu en parler. Après ils ne se sont pas revus, même si je suis sûr qu'elle a gardé un œil sur lui.
- Comment ça ?
- Elle a toujours été très protectrice envers lui pour une raison que j'ignore. Elle était toujours au courant de ce qui se passait dans la vie de Largo sans y paraître.
- Je vois et tu crois qu'elle a continué après leur dispute ?
- J'en mettrais ma main à couper.

La porte du bunker s'ouvrit, livrant passage à un Largo la mine défaite. Voir Jessica dans un tel état l'avait atteint plus qu'il ne l'aurait voulu.

- Je suppose que Joy vous a mis au courant de ce qui se passe et que Simon vous a donné le peu d'information qu'il avait. Je me trompe ?

Personne ne répondit. Les trois amis étaient surpris de voir à quel point il semblait déstabilisé par le retour de cette inconnue dans sa vie.

- Kerensky….
- Je sais, tu veux tout savoir sur cette jeune femme surtout ce qui s'est passé ces quatre dernières années.
- Exact et je le veux…
- Pour hier, je m'en doute, fit Kerensky en se mettant à tapoter sur son clavier.

Largo se retourna et sortit sans ajouter un mot

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Tout était calme dans le penthouse. La lumière était éteinte, seul un feu de cheminée illuminait la pièce. Largo était assis sur le canapé, un verre de bourbon à la main. Il regardait les flammes crépiter dans l'âtre. Il ne cessait de voir et de revoir le visage pâle de Jessica dans cette chambre d'hôpital.

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Flash-back

- Tu ne peux pas continuer à tout garder pour toi ! Ca va finir par te détruire ! Fit Jessica en s'asseyant sur le canapé.
- Et ça va me rapporter quoi d'en parler, si ce n'est d'avoir mal ? Dit-il en haussant le ton.
- Te soulager… Je sais ce que tu ressens.
- Non, tu ne sais pas ! Tu ne sais pas ce que c'est de se sentir seul, sans défense, sans ne rien pouvoir faire pour que ca s'arrête, cria-t-il.
- Oh, si je le sais, Largo, répondit-elle d'une voix douce. Je sais ce que c'est de se sentir si sale que même en utilisant toute l'eau de l'océan, on ne se sentira plus jamais propre. Je sais ce que c'est de ne plus se sentir nulle part en sécurité. Je sais ce que c'est d'avoir tellement mal qu'on a l'impression de ne plus exister, je le sais. Alors si tu ne laisses pas sortir toute cette haine, cette peur et cette colère, ca finira par te bouffer de l'intérieur et te détruire.
- Je… Je ne peux pas ! Déclara le jeune homme avec désespoir en laissant couler des larmes de frustration.


Fin du flash-back

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Largo porta son verre à ses lèvres et en but une gorgée. L'alcool lui brûla la gorge.

- Et bien sûr, tu avais raison, fit-il en levant son verre à l'obscurité.

Il s'endormit, sans même s'en rendre compte, sur le canapé d'un sommeil agité où il courait derrière Jess qui, sans cesse, le fuyait dès qu'elle était à portée de main.

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Le lendemain, Largo retourna voir la jeune femme. Son état restait stationnaire. Il s'assit à nouveau près d'elle sans savoir quoi lui dire, aussi sortit-il un livre de la poche intérieure de sa veste, et commença à lui faire la lecture d'une voix qu'il voulait douce. Les minutes devinrent des heures et il continuait inlassablement son récit. Il avait choisit le livre préféré de la jeune femme " Les Hauts de Hurlevent ". Quand l'infirmière vint en fin d'après midi lui signaler la fin des visites, il embrassa Jessica et repartit le cœur plein de tristesse. Il avait espéré qu'elle sortirait de son sommeil de mort telle " La belle au bois dormant ". Il reprit la route de l'immeuble du groupe W avec une seule envie, s'enfermer et ne voir personne. Pourtant, la curiosité le démangeait. Il voulait savoir ce que son équipe, et en particulier Kerensky, avait pu trouver. Quand il entra dans le bunker, Simon et Joy le dévisagèrent d'un air inquiet, quant au Russe il ne leva même pas la tête.

- Comment va-t-elle ? S'enquit Simon doucement.

Largo leva la tête et regarda Simon avec surprise. Il n'aurait jamais cru que son ami pouvait être capable d'une telle douceur, lui, le clown de service. Surtout qu'il n'avait jamais vraiment aimé la jeune femme, il n'avait jamais caché qu'il la considérait comme une rivale dans son amitié avec lui. Cela effaça pendant un moment la colère qui le rongeait de voir une personne qu'il aimait au bord de la mort sans pouvoir y faire grand chose.

- Elle va mieux, merci. Le médecin espère qu'elle sortira bientôt du coma. Il est un peu inquiet quant à l'étendu des dégâts. Il ne pourra en juger que quand elle aura repris connaissance.
- Il pourrait y avoir des séquelles ? Demanda Simon.
- Pour tout dire, il n'en sait rien.
- Et ça t'inquiète, n'est ce pas ?
- Evidement, fit-il plus vivement qu'il ne l'aurait voulu. Alors qu'avez-vous trouvé ? Interrogea-t-il en reprenant un calme apparent.
- Pas grand chose, annonça Kerensky en enlevant ses lunettes. Elle a sillonné le pays pendant une bonne année après votre dernière rencontre. Elle a travaillé essentiellement pour des unités d'élite, comme la VCTF, surtout dans l'aide aux victimes. Elle a donné un bon nombre de conférences dans de nombreuses académies de police. Il y a trois ans, elle a passé le concours d'inspecteur et s'est définitivement installée à Los Angeles où elle fait partie de la criminelle, même si elle n'hésite pas à donner un coup de main dans d'autres services dès que l'occasion s'en présente. C'est un vrai bourreau de travail, en trois ans de service, elle n'a pratiquement pas pris de vacances. Elle travaille en solo et a un taux de réussite de près de 95%. Elle partage son temps libre, quand elle en a, entre la plage où elle joue les sauveteurs en mer et un centre d'aide aux victimes d'agressions sexuelles.

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Flash-back

Il était assis dans un fauteuil près d'une grande baie vitrée, un bandage recouvrait son front et ses poignets. Il sentit une présence derrière lui mais ne se retourna pas. Il savait qui venait de pénétrer dans la chambre blanche d'hôpital et n'osait pas la regarder dans les yeux.

- Pourquoi ? Demanda-t-elle d'une voix douce en s'asseyant sur le lit derrière lui.

Il ne répondit pas. Elle savait très bien pourquoi, mais il n'était pas prêt à l'admettre. Lui savait que le silence était le seul rempart qui lui restait contre la douleur. S'il se mettait à parler alors celle-ci le submergerait et jamais il ne pourrait s'en sortir.

- Le silence ne t'apportera rien de bon, continua-t-elle avec la même douceur.

Elle le sentait au bord de la rupture. Près de cet instant où toutes les émotions se fondent, se déchaînent et harassent tout sur leur passage. Elle le vit baisser la tête et commencer à trembler.

- J'ai mal…, furent les seuls mots qu'il put prononcer avant de se mettre à sangloter.

Elle s'approcha de lui, s'agenouilla près du fauteuil et le prit dans ses bras avec une douceur infinie. Elle resta là, lui caressant les cheveux. Elle lui parla encore et encore, et il se laissa bercer par cette voix qui le rassurait, lui promettant des jours meilleurs. Il finit par s'endormir, la tête sur son épaule, épuisé par tant de douleur retenue depuis si longtemps.


Fin du flash-back
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La voix de Simon le ramena à la réalité. Et il prit une grande inspiration.

- C'est Miss Perfection à ce que je vois, fit Simon s'attirant un regard glacial de son ami.
- Tu as une idée sur quoi elle travaillait dernièrement ? Demanda Largo.
- D'après ce que j'ai pu apprendre, une nouvelle drogue qui est en train de faire des ravages là-bas. Cette saloperie a déjà tué une quinzaine de personnes.
- Tu as parlé à ses supérieurs ?
- Le flic que j'ai eu m'a seulement dit qu'elle était en congé.
- Tu ne les as pas mis au courant ?
- Non, je ne vais tout de même pas faire le travail des policiers de la ville et puis, j'ai pensé que cela nous donnerait un peu de temps avant que ses collègues ne débarquent.
- Du temps pourquoi ? Questionna Simon.
- Pour retrouver ceux qui ont fait cela…

Le portable de Largo sonna, mettant fin à la discussion. Il sourit faiblement, fit signe à Joy de le suivre et sortirent du bunker en direction de l'hôpital.

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La première chose que Jessica ressentit fut un élancement dans la poitrine. Elle avait l'impression que celle-ci était en feu. Elle ouvrit les yeux en entendant une voix lointaine qui l'appelait. L'image, d'abord floue, devint plus claire et elle se trouva devant un homme en blouse blanche qui lui souriait.

- Ouvrez les yeux, allez soyez gentille…. C'est bien. Ne vous affolez pas, fit-il en voyant la peur envahir son regard. Vous êtes à l'hôpital. Vous venez juste de vous réveiller…

Elle tenta de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche à part un croassement. Le médecin lui tendit un verre d'eau avec une paille.

- Allez-y, buvez doucement.
- Qui êtes-vous ? Fit-elle d'une voix rauque.
- Je suis le docteur Wallace. Et comment vous appelez-vous ?
- Je…. Je….

Elle était au bord des larmes. Son cerveau refusait de fonctionner, comme si quelqu'un avait effacé la bande avec toutes les informations.

- Ce n'est pas grave, dit le médecin en jetant un coup d'œil à l'infirmière. Vous venez juste de vous réveiller, il faut laisser le temps à la machine de se remettre en marche.
- Je ne me souviens pas….

Elle était au bord de la panique. Elle ferma les yeux et respira profondément. Une douleur lui vrilla le torse et elle fit la grimace.

- Vous avez été blessée. Restez calme, ne vous agitez pas.

Elle hocha la tête est referma les yeux, elle se sentait vidée et inquiète. Elle ne remarqua pas le calmant que l'infirmière avait injecté dans sa perfusion et sombra dans un sommeil sans rêves.

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Largo conduisait le 4x4 en silence. Il se demandait comment elle allait l'accueillir après 4 ans de silence. Il arriva en vue de l'hôpital et soupira. Il descendit de voiture et se dirigea vers le bâtiment sans attendre Joy qui avait du mal à le suivre. Il se précipita dans l'ascenseur et monta au 5ème étage. La garde du corps avait grand peine à ne pas lui poser de questions. Mais elle connaissait assez Largo pour savoir qu'il ne parlerait pas tant qu'il ne serait pas prêt. Le médecin sortait du bureau des infirmières quand le jeune milliardaire tourna dans le couloir pour aller dans la chambre de Jessica.

- M. Winch ? Je suis content de vous voir. Je sais qu'il est tard…
- Comment va-t-elle ? Demanda-t-il anxieux.
- Elle a repris connaissance, il y a une heure à peu près. Elle est désorientée avec une perte de mémoire. C'est tout ce que je peux vous dire pour le moment. Nous avons dû la mettre sous sédatif, elle souffre encore beaucoup.
- Vous voulez dire qu'elle est amnésique ?
- Il est encore trop tôt pour le dire. Comme je vous l'ai dit, elle sort du coma et a subit un traumatisme important, il n'est donc pas anormal qu'elle soit désorientée. Nous en saurons plus quand elle se réveillera demain.
- Je peux la voir ? Je vous promets que je ne la réveillerais pas

Le médecin hocha la tête. Largo se dirigea vers la chambre. Il était si près du but et pourtant si loin. Que ferait-il si elle ne se souvenait pas de lui ? De ce qu'ils avaient traversé ensemble, de ce qu'ils avaient partagé ? Plus il approchait de la chambre, plus il était nerveux à l'idée de se retrouver près d'elle. Il entra dans la pièce, Joy sur ses talons. Elle se posta près de la fenêtre et prit la peine, pour la première fois, de bien détailler celle qu'elle considérait comme une rivale. Elle avait les yeux clos, ses longs cheveux en désordre étaient étalés sur l'oreiller. Elle n'était pas vraiment belle mais une douceur se dégageait de son visage. Joy se rendit compte qu'elle ne pouvait détester cette jeune femme. Elle lui semblait étrangement familière et pourtant si étrangère à la fois. Largo caressa le pâle visage de la jeune femme en lui murmurant des mots doux. Il déposa un léger baiser sur le front et sortit de la pièce, son garde du corps le suivant toujours. Sans dire un mot, il lui tendit les clés de la voiture. Il ne se sentait pas le courage de reprendre le volant. Il n'avait qu'une seule envie, dormir pour oublier.

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Le jour se levait sur la ville. Largo contemplait l'astre monter dans le ciel. Il avait eu du mal à trouver le sommeil, se tournant et se retournant dans son lit. A la fin, il s'était levé et avait déambulé dans le penthouse, ressassant toujours les mêmes pensées et revoyant des images qu'il aurait préféré oublier. Il pouvait encore entendre cette dispute qui les avait séparés. Il lui avait dit des choses tellement injustes. Il avait tellement regrettés ces mots blessants. Le regard qu'elle lui avait jeté avant qu'il ne lui tourne le dos et ne sorte de sa vie était restée gravé dans sa mémoire. Il n'entendit pas Joy entrer. Elle ne semblait pas, elle non plus, avoir dormi de toute la nuit.

- Largo ? Dit-elle en s'approchant de la baie vitrée.

Il ne répondit pas tout de suite, il semblait bien loin dans ses pensées. Elle posa sa main sur son épaule le faisant sursauter.

- Désolée, je ne voulais pas te faire peur.
- Je ne t'ai pas entendu entrer.
- Largo, qu'est cette jeune femme pour toi ? Demanda-t-elle.
- Une amie, une amie très chère. Elle m'a aidé quand j'en ai eu besoin, sans jamais rien attendre en retour et la seule fois où elle m'a demandé ma confiance, je la lui ai refusé… Voilà qui elle est, répondit-il en se perdant à nouveau dans les souvenirs qui refaisaient surface.

Joy attendit pendant quelques minutes puis, comprenant qu'elle n'en apprendrait pas plus, alla se servir une tasse de café.

- Au fait, Sullivan m'a chargée de te donner le dossier concernant le rachat de cette usine au Pérou. Ca lui paraît être une entreprise risquée bien qu'elle soit viable. Il voudrait bien que tu étudies les derniers chiffres et que tu passes le voir dans la journée.

Il hocha la tête pour montrer qu'il avait entendu mais ne répondit pas. Joy soupira et sortit du penthouse. Il commençait vraiment à l'inquiéter.

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Un homme vêtu d'une tenue d'infirmier se dirigeait d'un pas sûr vers la chambre 512. Si tout se passait comme prévu, tout serait terminé dans moins d'une dizaine de minutes. Il tâta discrètement la seringue cachée dans sa poche. Il entra dans la pièce et, pendant un instant, regarda la jeune femme qui reposait dans le lit. Elle semblait endormie. Largo et Joy venaient d'arriver sur le parking de l'hôpital, le jeune homme était plus nerveux que d'habitude. Il appréhendait de se retrouver face à la jeune femme maintenant qu'elle avait repris connaissance. Dans la chambre, le soi-disant infirmier approcha doucement essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas la réveiller. Il attrapa la perfusion. Jessica sentit une présence et ouvrit les yeux. Elle tenta de hurler mais il lui la main sur la bouche la réduisant ainsi au silence.

- Quel dommage, fit-il en souriant. Cela aurait été tellement moins douloureux…

Il retira un oreiller de dessous la tête de la jeune femme et le plaqua contre son visage. Il l'y maintint tandis que Jessica tentait de se débattre. La porte s'ouvrit à toute volée et Joy apparut l'arme au poing. Elle la pointa vers l'agresseur. Celui-ci lâcha prise et chercha à dégainer le pistolet qu'il avait caché sous sa blouse blanche. Mais Joy ne lui en laissa pas le temps, elle tira, tuant l'homme sur le coup. Largo se précipita vers Jessica qui était au bord de la panique.

- Tout va bien, dit-il doucement. C'est terminé. Il ne vous fera aucun mal.
- Qui… Qui êtes-vous ? Fit-elle en regardant le jeune homme qui tentait de la calmer.

Son visage lui semblait familier mais elle était incapable de remettre un nom dessus.

- Je suis un ami. Restez tranquille, le docteur Wallace va venir très vite.

Il n'avait pas fini sa phrase que celui-ci passait la porte. Il examina la jeune femme et fut soulagé de voir qu'elle allait à peu près bien. Il lui administra un sédatif pour qu'elle puisse se reposer et se remettre de ses émotions. Le corps du malfaiteur fut enlevé et tout fut nettoyé avant qu'elle ne se réveilla.

- Comment va-t-elle ? Demanda Largo avec inquiétude.
- Tout va bien, elle est choquée et effrayée. Je lui ai donné un calmant, elle va dormir pendant quelques heures.
- Je me demandais s'il était possible de la faire sortir d'ici.
- Avec les soins appropriés, c'est possible, bien sûr. Que voulez-vous faire ?
- La ramener chez moi, où je pourrais assurer sa sécurité.
- C'est à la police de faire ce travail.
- Disons seulement que j'ai une équipe de spécialistes sous la main qui seront à même de la protéger, beaucoup plus efficacement que la police.

Le médecin sembla réfléchir un instant. Ce jeune homme semblait vraiment sincère quand il parlait d'assurer la sécurité de sa patiente.

- Bien, je vais l'examiner dès qu'elle se réveillera ensuite vous pourrez l'emmener. Mais je tiens à continuer à la suivre. Son cas est quand même assez grave.
- Sans problème, merci docteur. Si vous le permettez, je vais aller la rejoindre maintenant.

Largo repartit vers la chambre où Joy montait la garde. Elle hocha la tête et sortit le laissant seul avec la jeune femme.

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Quelques heures plus tard, Jessica se réveilla à nouveau et vit près d'elle le même homme qui lui avait pratiquement sauvé la vie. Elle sourit ne sachant pas quoi faire.

- Bonjour, fit-il avec douceur. Comment vous sentez-vous ?
- Mieux je suppose, fit-elle d'une voix incertaine. Qui êtes-vous ? Et qui est la jeune femme qui a….
- C'est Joy, mon garde du corps et moi je suis Largo… Largo Winch.
- Nous nous connaissons ?
- En quelque sorte… Nous avons été amis, il y a longtemps.
- Je suis désolée mais je crains de ne pas me souvenir de vous, fit-elle en essayant de contrôler la peur qui montait en elle. Ni même de me souvenir de qui je suis, moi… Vous savez comment je m'appelle ?
- Jessica… Jessica Wardfield, répondit-il en lui caressant la joue.

Elle répéta ce nom deux ou trois fois, mais il ne lui disait pas grand chose. C'était un nom comme un autre. Elle secoua la tête en signe de frustration. Il lui prit la main et la serra pour la rassurer

- Ne vous inquiétez, ca va revenir.
- Et si ca ne revient pas ? Et si je n'arrivais plus à me souvenir ?
- Laissez-vous du temps. Le traumatisme subi est grand.
- C'est ce qu'a dit le docteur, fit-elle au bord des larmes, mais je ne peux m'empêcher de…
- Calmez-vous, je suis sûr qu'avec un peu de repos, tout va rentrer dans l'ordre.

Elle eut un léger sourire. Sans savoir pourquoi, elle se sentait en confiance avec lui. Il avait l'air gentil, doux, avec un regard azur qui semblait vous transpercer jusqu'à l'âme. La porte de la chambre s'ouvrit, livrant passage à la jeune femme à qui elle devait la vie. Elle fit signe à Largo de sortir. Elle avait l'air inquiète ce qui ne fit qu'augmenter la peur que ressentait Jessica.

- Tu as du nouveau ? Demanda-t-il en sortant de la chambre.
- D'après la police, le type que j'ai descendu est un petit dealer de troisième zone. Il travaille occasionnellement pour un gros bonnet, Arthur Landis.
- Que voudrait un gros bonnet comme Landis à un inspecteur de Los Angeles, ce n'est pas logique ! S'exclama le jeune milliardaire.
- Je le sais, c'est pour cela qu'il faut l'emmener et vite. Si ce type en a après ton amie, elle n'a pratiquement aucune chance de s'en sortir. Il est réputé pour ne jamais laisser un travail inachevé, si tu vois ce que je veux dire.
- D'accord. Essaye de trouver le docteur Wallace et explique lui la situation. Quant à moi, je vais mettre Jessica au courant.
- Tu crois que c'est une bonne idée ? Fit Joy en fronçant les sourcils.
- Jessica est peut être blessée, affaiblie et amnésique mais elle est loin d'être stupide. Je m'éviterais bien des complications si je lui dis la vérité.
- Ne me dis pas qu'elle te fait peur ? Demanda Joy avec un air moqueur.
- Non, mais la dernière fois que je lui ai menti, j'ai faillit finir en brochette pour son barbecue.
- Faudra que je lui demande sa recette alors, continua-t-elle avec malice.

Elle s'en alla avant que Largo ne puisse faire aucune autre remarque. Il soupira et entra à nouveau dans la chambre. Jessica le détailla de la tête au pied. Cette allure, ce regard et cette voix qui la rassurait lui étaient si familiers. Elle se sentait frustrée. Les souvenirs étaient là, effleurant la surface de ses pensées, mais ils s'échappaient à la vitesse du colibri dès qu'elle tentait de les emprisonner.

- Vous savez qui a voulu me tuer ? L'interrogea-t-elle en percevant son inquiétude.
- Nous avons quelques précisions en effet. Ne vous inquiétez pas, vous ne craignez rien tant que Joy et moi serons près de vous.
- Je le sais… Je ne saurais dire pourquoi…. Qui est-il et pourquoi voulait-il me tuer ? Fit-elle en frissonnant.
- La seule chose dont nous soyons sûrs, c'est que c'était un petit truand de bas étage. Il n'a pas assez d'envergure pour monter ce coup tout seul…
- Vous pensez que je suis encore en danger, n'est-ce pas ? Dit-elle en essayant de ne pas céder à la panique.

Largo hocha la tête. Même s'il l'avait voulu, il aurait du mal à lui mentir. Il avait beaucoup trop de respect pour elle.

- Ecoutez, si votre état le permet, j'aimerais que vous vous installiez chez moi. Vous y serez en sécurité.
- Ce n'est pas plutôt le travail de la police ? Et je ne voudrais pas vous déranger. Vous avez sûrement d'autres choses à faire que de veiller sur moi.
- J'ai un personnel plus que compétent comme vous avez pu le constater. Et pour le moment, vous êtes ma préoccupation majeure. Laissez-moi faire cela pour vous… Je vous le dois bien.

Jessica regarda avec curiosité cet homme qui tentait par tour les moyens de cacher la souffrance qui le dévorait. Pourquoi le lui devait-il ? S'ils avaient été amis, pourquoi la vouvoyait-il ? De multiples questions virevoltaient dans son esprit. Elle se sentait fatiguée et sa poitrine commençait à lui faire de nouveau mal. Le médecin arriva quelques minutes plus tard. Il examina la jeune femme et en conclut qu'elle était assez forte pour quitter l'hôpital. Malgré tout, Jessica avait peur, elle abandonnait le seul point de repère qu'elle avait pour le moment. Le médecin promit de venir la voir tous les jours avant de prendre sa garde pour continuer à surveiller ses progrès.

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Dans une villa des quartiers huppés de la ville, un homme tournait en rond. Il était furieux de la tournure des événements. Non seulement son homme n'avait pas réussi sa mission, et éliminer la menace, mais en plus il avait fini à la morgue. Il prit une cigarette sur le bureau en bois de merisier. Il fouilla ses poches à la recherche d'un briquet qu'il trouva dans la poche intérieure de sa veste. Il l'alluma et tira rageusement une bouffée. Comment allait-il annoncer cet échec a son associé de la Cote Ouest ? D'autant plus que maintenant, la cible ne serait plus facile à atteindre. D'après ce qu'il avait appris par ses contacts dans la police, le type qui la protégeait était un gros bonnet de la finance avec une équipe de sécurité des plus efficaces.

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La matinée était déjà bien avancée quand Jessica se réveilla dans ses nouveaux quartiers. Le jour précédent, elle avait été si fatiguée par sa sortie de l'hôpital qu'elle s'était endormie sans besoin d'aucun somnifère, ni calmant, dès que sa tête avait touché l'oreiller. Elle examina avec attention la chambre dans laquelle elle allait passer quelques temps. Les murs étaient couleur crème avec une frise aux teintes bleutées. Dans le coin près de la fenêtre, il y avait une table basse en verre sur laquelle était posé un petit bouquet de violettes ainsi que quelques magazines. Un petit canapé blanc cassé et un petit fauteuil complétaient ce coin détente. Une coiffeuse, et une armoire ornaient l'autre coin de la pièce. Elle regarda la petite pendule en marbre sur le chevet, il était près de onze heures. Elle tenta de se relever et retomba sur l'oreiller le souffle court. Le docteur Wallace l'avait prévenu qu'il lui faudrait du temps pour se remettre physiquement, ce n'était pas rien ce qu'elle avait subit. Elle essaya alors de faire appel à ses souvenirs mais, là encore, elle se retrouva face un vaste néant. Elle entendit la voix de Largo lui murmurer que cela reviendrait mais une peur sourde s'emparait d'elle dès qu'elle se laissait aller à trop y réfléchir. Toujours d'après le médecin, elle ne devait pas forcer sa mémoire, elle devait simplement laisser ses souvenirs venir à elle. La porte s'ouvrit et Joy apparut avec un plateau emplit de victuailles.

- Je vois avec plaisir que vous êtes réveillée. J'espère que vous avez faim parce que Largo vous a commandé un petit déjeuner gargantuesque, dit Joy en le posant sur le lit.
- Oui, très faim. La nourriture de l'hôpital n'est pas vraiment faite pour se déguster. Où est M. Winch ? Demanda-t-elle hésitant à appeler son bienfaiteur par son prénom.
- Il est à une réunion avec les chacals du conseil d'administration et je crains que cela ne se finisse tard dans l'après-midi.
- Vous ne semblez pas les aimer, dit Jessica en prenant un petit pain pour le beurrer.
- Disons seulement que leur sport favori est de mettre des bâtons dans les roues à leur patron.
- Effectivement, je comprends mieux, répondit-elle en mordant le petit pain. Vous en voulez ? Continua-t-elle en désignant le plateau. Jamais je n'arriverai à tout manger et je parie que votre patron ne sera pas très heureux si je ne finis pas tout cela.
- Comment le savez-vous ? Fit Joy en fronçant les sourcils tout en esquissant un sourire.
- Une intuition….

Joy éclata de rire. Elle commençait à apprécier la jeune femme qui avait l'air ne pas se laisser impressionner si facilement. Elle s'assit sur le lit et prit un petit pain. Elle parlèrent de tout et de rien, Jessica essayant de collecter le plus d'information possible sur Largo et sur sa garde du corps.

Vers trois heures de l'après-midi, Largo entra dans le penthouse. Il avait mené une dure bataille. Il avait l'air épuisé, à bout de nerf, et ses cheveux semblaient plus rebelles que d'habitude. Quant à son regard azur, il y avait une tristesse indéfinissable qui trahissait une souffrance cachée qui remontait à la surface. Il trouva Joy assise sur le canapé feuilletant un magazine. Elle ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Il en profita pour la détailler d'un œil appréciateur. Elle portait un tailleur court bleu vert, qui contrastait avec ses yeux et sa chevelure brune. Le petit haut blanc était légèrement transparent et entrouvert jusqu'à la naissance de la poitrine de la jeune femme. Il la trouvait très sexy et son cœur s'emballa en imaginant ses lèvres sur les siennes.

- Largo, ça va ? Fit-elle en s'apercevant de sa présence.
- J'ai vu mieux, répondit-il en jetant les dossiers sur le bureau et sa veste sur la chaise. Et Jessica ?
- Elle va bien, elle s'est endormie après avoir mangé un solide petit déjeuner. Le docteur Wallace est passé tout à l'heure. Il m'a dit qu'il était normal qu'elle se fatigue vite et qu'elle dorme autant. Il m'a conseillé de la faire marcher un peu quand elle se réveillerait pour faire fonctionner un peu ses muscles. Ceci étant dit, continua-t-elle en se levant, je vais rejoindre Kerensky au bunker, il y a encore pas mal d'infos à vérifier et je n'ai pas fini de l'entendre rouspéter s'il doit le faire tout seul.

Largo sourit en secouant la tête. Ces deux-là étaient vraiment impossibles, il savait très bien qu'ils s'appréciaient même s'ils prenaient un malin plaisir à se taquiner. Il alla se servir un café et se posta près de la baie vitrée pour contempler la ville qui s'étendait à ses pieds. Il soupira encore une fois en repensant à l'opposition acharnée de Cardignac à propos du renouvellement d'une partie de la flotte de la Winchair. Il posa la tasse sur le bureau et alla voir son invitée. Elle était assise, le dos calé contre plusieurs oreillers.

- Bonjour !

Elle leva les yeux du livre qu'elle était en train de lire. Un sourire illumina son visage.

- Bonjour, répondit-elle presque timidement.
- Comment vous sentez-vous ?
- Mieux merci. Par contre vous, on dirait un gladiateur tout droit sortit des arènes.

Il sourit à la comparaison. Oui, avec un conseil d'administration comme celui-là, on pouvait aisément les comparer à ces combattants des temps anciens. L'amnésie de la jeune femme ne semblait pas avoir affecté son sens de l'humour.

- C'est à peu près cela.

Un silence gêné s'installa, ni l'un ni l'autre ne savaient quoi dire. Elle se contenta d'examiner ce visage rongé par la fatigue. Elle s'attarda sur ses yeux qui, même s'ils étaient pleins de vivacité, laissaient entrevoir une souffrance telle que son cœur se serra. Il éveillait en elle des sensations étranges. Elle avait envie de le prendre dans ses bras pour le câliner, le rassurer, le protéger de tout ce qui pouvait lui faire du mal pourtant, ce n'était pas de l'amour, du moins pas cette sorte d'amour. Le téléphone sonna, interrompant ce moment particulier. Largo répondit, secoua la tête et se raccrocha.

- Ils ont du nouveau, il faut que j'y aille, fit-il quelque peu soulagé. Je vais revenir très vite et si vous le voulez nous pourrons dîner ensemble.
- Avec plaisir… A une condition cependant, je veux que vous me teniez au courant de tout ce qui se passe.
- Promis.

Il déposa un baiser sur la joue de la jeune femme et sortit rejoindre l'Intel Unit au bunker.

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Joy tournait en rond en attendant Largo. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à la jeune femme qui se reposait dans la chambre d'ami de son patron.

- Joy…, fit Kerensky en levant les yeux de son écran.

Cette dernière ne répondit pas tant elle était plongée dans ses pensées.

- Joy ! Dit-il d'une voix un peu plus forte.
- Oh excuse-moi, tu disais ?
- Rien, je me demandais pourquoi la présence de cette fille t'inquiète autant.
- Qui a dit que j'étais inquiète, tu divagues mon grand.
- Ah bon ? ? Parce que c'est moi qui aie vérifié le système de sécurité six fois pendant les vingt-quatre dernières heures.
- Quand on a affaire à un type comme Landis, on n'est jamais trop prudent.
- Admets-le, cette fille te fait peur ou plutôt l'influence qu'elle pourrait avoir sur Largo.
- Pourquoi devrait-elle me faire peur ? C'est quelqu'un de très bien et de très sensible.
- Alors pourquoi ai-je dans l'idée que sa présence te dérange ? Tu as peur que Largo ne la préfère à toi ?
- Que vas-tu chercher ? Largo et moi sommes amis et il est hors de question que cela change.
- C'est ça et moi, je suis Gorbatchev… Si ca te plaît de te voiler la face !

La porte s'ouvrit, livrant passage à un Largo épuisé.

- Alors, quoi de neuf ? Demanda-t-il en se laissant tomber sur un fauteuil près de Joy. Il ferma les yeux se massa les tempes. Il sentait poindre un mal de tête.
- Eh bien, j'ai épluché le dossier de ce Arthur Landis. Il trempe dans tout ce qui peut rapporter : trafic de drogues, d'armes, tripots clandestins, traite des blanches. Il a plusieurs associés dont un à Los Angeles, Nestor Montrose.
- Montrose… Montrose, répéta Joy à mi-voix. Ce nom me dit quelque chose….
- C'est un homme d'affaires on ne peut plus véreux. Il a été accusé de corruption et d'être le commanditaire de plusieurs attaques à mains armées qui ont coûté la vie à deux vigiles. Malheureusement pour l'accusation, les témoins ont disparu juste un peu avant l'audience. On a retrouvé l'un d'eux flottant au large de Malibu.
- En somme, il a été relâché et continue ses agissements sans problèmes, fit Joy agacée.
- Oui, c'est cela même.
- Cela n'explique pas pourquoi ils en veulent à Jessica, dit Largo en se passant la main sur le visage.
- Je sais, mais je vais finir par trouver, répondit Kerensky en remettant ses lunettes.
- Je compte sur toi, j'ai un mauvais pressentiment.

Il se leva et se dirigea ver la sortie d'un pas lourd.

- Au fait, l'un de vous a vu Simon ?
- Il est sorti, il a rendez-vous avec une adorable rousse, fit Joy avec ironie.

Largo soupira et sortit du bunker. Il monta dans l'ascenseur, et s'appuya contre la paroi. Tant de questions tourbillonnaient dans sa tête. Il n'arrivait pas à comprendre ce que ces hommes voulaient à Jessica… Jessica, elle avait à peine changé depuis leur dernière rencontre. Il y avait toujours cet étrange lien entre eux. Elle était capable de deviner son humeur, sa souffrance, sa peur. Il n'avait jamais compris comment elle réussissait à toujours savoir ce qu'il ressentait et à trouver les mots qu'il fallait pour le réconforter.

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Dans le parking souterrain du groupe W, une camionnette alla se garer près de la rampe de déchargement de marchandises. Deux hommes habillés en uniformes de l'entreprise Richard Cattering, un traiteur ayant pignon sur rue dans Manhattan, en descendirent et déchargèrent des plateaux emplis de victuailles. Tout à leur affaire, ils n'entendirent pas les deux hommes qui les surprirent. L'un d'eux sortit une arme munis d'un silencieux et abattit le conducteur du van. L'autre reçut un couteau en plein cœur. Ils cachèrent les corps dans la camionnette après leur avoir enlever leurs uniformes et leurs badges d'identifications. Ils dissimulèrent leurs armes sous le chariot et montèrent la rampe en direction de l'ascenseur de service. Si les renseignements que leur patron leur avait donnés étaient exacts, il ne leur serait pas très difficile d'arriver jusqu'aux appartements privés où se cachait leur cible. Ils passèrent sans encombre les contrôles, abandonnèrent le chariot devant la porte du penthouse, reprirent leurs armes et se préparèrent à entrer.

De son coté, Kerensky soupira, il était épuisé mais il était bien décidé à trouver les renseignements que voulait Largo. Il n'avait pas encore fait la connaissance de la personne qui lui causait autant de travail, mais il était sûr qu'il allait l'apprécier, surtout parce qu'elle semblait capable de tenir tête à Largo et à sa tête de mule de garde du corps. Il s'étira quand quelque chose attira son attention sur l'un des écrans de contrôle du dernier étage de la tour. Il prit le téléphone et tenta de joindre l'équipe de sécurité en place mais n'y réussit pas. Il prit l'arme qu'il gardait dans le tiroir de son bureau et sortit précipitamment.

Jessica s'était assoupie en attendant le retour de son bienfaiteur. Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir, ni ne vit l'homme pointer son arme sur elle. La porte du penthouse s'ouvrit en grand et Kerensky surgit tel un diable de sa boite. Il abattit le premier homme sans hésitation et se dirigea vers la porte ouverte de la chambre. La détonation réveilla la jeune femme qui hurla quand elle vit l'homme la viser. Elle n'eut pas le temps de réagir que le Russe sommait l'agresseur de se rendre. Celui-ci se retourna, visant Kerensky qui ne lui laissa aucune chance. Il tira et l'homme tomba mort avant même d'avoir toucher le sol.

- Ca va ? Demanda-t-il avec douceur en s'asseyant près d'elle.

Elle hocha la tête. Elle détailla son ange gardien. Il paraissait presque froid et inhumain, pourtant elle pouvait voir dans ses yeux de la tendresse. C'était un contraste étonnant. Georgi fut étonné par la force qui émanait de la jeune femme. Elle avait l'air de pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert et ça le mettait mal à l'aise.

- Qui… Qui êtes-vous ? Fit-elle d'une voix encore tremblante.
- Georgi Kerensky, je travaille pour Largo, je m'occupe de l'informatique.
- Pour un informaticien, je trouve que vous savez vous servir d'une arme étonnamment bien.

Il baissa les yeux, un peu gêné par la remarque. Avant qu'il ne puisse ajouter quoique ce soit, Largo arriva affolé. Il avait entendu les coups de feu en sortant de l'ascenseur. Il avait senti la panique le saisir quand il avait vu le cadavre d'un homme dans la pièce principale.

- Ca va ? Demanda-t-il.
- Tout va bien, fit Kerensky, ton amie en a été quitte pour une bonne frayeur.
- Comment as-tu su ?
- Disons seulement que j'ai eu de la chance, répondit-il en se levant. Je vous laisse, j'ai encore pas mal de travail qui m'attend.
- Merci, je te dois une fière chandelle, dit le jeune milliardaire avec reconnaissance.

Il sortit de la pièce en jetant un dernier regard à la jeune femme. Largo s'assit sur le bord du lit.

- Ca va aller, dit-il en la prenant dans ses bras.

Il la serra fort contre lui. Il avait besoin de la sentir près de lui, saine et sauve. Elle resta un instant sans bouger, nichant son visage au creux de son épaule, puisant en lui, la force qui lui manquait.

- Ne restons pas là.

Il l'aida à se lever, à passer son peignoir par-dessus sa chemise de nuit, et l'emmena dans sa chambre où il la remit au lit. Elle était pâle et ses traits étaient tirés par la douleur de sa blessure à la poitrine. Il avait dû s'en apercevoir et lui tendit un verre d'eau ainsi qu'un comprimé. Elle ne protesta pas et avala le médicament. Elle sentit peu à peu son corps se détendre et sombra dans le sommeil. Largo sortit de la pièce où Joy l'attendait.

- Comment va-t-elle ? S'enquit-elle.
- Choquée mais ca va…, répondit Largo en s'asseyant sur le canapé.
- La police sera là dans un moment et ils voudront sûrement lui parler.
- Et bien, ils devront attendre, elle est à bout de force, répondit-il avec colère. Je suis désolé, reprit-il plus doucement, ce n'est pas après toi que j'en ai.
- Je sais, Largo. Ecoute, après ce qui vient de se passer, je crois qu'il vaut mieux que je m'installe ici au moins jusqu'à ce que toute cette histoire soit finie.

Il acquiesça, il était prêt à tout pour que Jessica se sente en sécurité.

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La nuit tomba sur la ville et le penthouse avait enfin retrouvé sa tranquillité. La police et l'équipe scientifique avaient enfin quitté les lieux. Joy s'était installée sur le canapé, son arme à portée de main. Elle se sentait un peu coupable de ne pas avoir prévu ce qui était arrivé. Largo essayait de trouver le sommeil dans la chambre d'amis tandis que Jessica dormait dans la chambre du milliardaire. Celui-ci se tournait et se retournait dans son sommeil. Dès qu'il fermait les yeux, il ne pouvait s'empêcher de revoir des images qu'il aurait préféré oublier. Des flashs, des sensations remontaient sans qu'il puisse y faire quoique se soit. Il finit tout de même par s'endormir d'un sommeil agité.

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Dans la villa de Malibu, Nestor Montrose était furieux. La nouvelle tentative pour éliminer le seul témoin de ses agissements avait lamentablement échoué. L'équipe de soi-disant professionnels engagée par Landis avait été décimée en un rien de temps. La jeune femme était toujours en vie et sous la protection d'une équipe des plus efficaces. Il lui fallait trouver son point faible, la chose qui la ferait sortir de sa cachette. Il retourna s'asseoir à son bureau et ouvrit le dossier posé devant lui. Celui-ci lui fournirait peut-être des réponses.

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Les jours qui suivirent passèrent très rapidement pour l'Intel Unit. La police avait été mise au courant de la situation et tous étaient tombés d'accord pour tenir les collègues de la jeune femme en dehors de l'affaire. La sécurité au sein du groupe avait été renforcée. Le dernier étage de la tour avait été interdit à tout employé non muni d'un passe spécial. Joy, Simon et Kerensky se relayaient dans le penthouse pour que Jessica ne soit jamais seule quand Largo n'était pas là. Kerensky qui, au début, n'avait pas tellement apprécié, était aux anges parce qu'il avait enfin trouvé un adversaire digne de lui aux échecs . Simon, bien que méfiant au départ, avait trouvé en la jeune femme une confidente et une joueuse de cartes redoutable. Il n'y avait qu'aux jeux vidéo qu'elle se faisait battre régulièrement. Joy, pour sa part, prenait le relais la nuit, s'installant sur le canapé pour veiller sur le sommeil de Largo et de celle qu'elle ressentait comme une menace mais qu'elle ne pouvait se résoudre à détester. Elle était si gentille et perspicace qu'elle n'avait pas mis longtemps à découvrir son secret. Cela s'était passé un soir alors qu'elles regardaient un vieux film en attendant le retour de Largo qui dînait en compagnie de Sullivan et de quelques investisseurs. Elle n'avait pas été particulièrement heureuse de laisser son rôle de garde du corps à Simon et elle avait passé une grande partie de la soirée à consulter sa montre.

- Vous devriez lui dire, vous savez…
- Lui dire quoi ? Répondit Joy en faisant celle qui n'avait pas compris.
- Que vous l'aimez…, dit-elle d'une voix douce.
- Vous vous méprenez, je ne suis pas amoureuse de lui.
- Que vous dites… Mais ca se voit comme le nez au milieu de la figure. Je ne comprends pas pourquoi vous faites tous deux ceux qui ne savent pas…
- Peut-être parce que nous ne sommes pas prêts, murmura Joy.

Joy se tut. Jamais elle n'aurait pensé admettre ouvertement ses sentiments pour Largo. Elle regarda son interlocutrice qui souriait. Elle paraissait satisfaite par ce qu'elle venait d'entendre.

- Vous ne devriez pas attendre plus longtemps, l'amour ne se présente qu'une fois.
- Je le sais, mais je ne crois pas que nous soyons prêts à nous engager dans ce genre de relation. Je ne supporterais pas de n'être qu'une passade pour lui, fit Joy avec tristesse.
- Ne vous inquiétez pas, je suis sûre que vous êtes loin d'être une passade pour lui. Il vous aime, cela se voit dans son regard mais…
- Mais quoi Jessica ? Demanda le garde du corps avec intérêt.
- Je ne sais pas, je sens comme une souffrance en lui, quelque chose qui le ronge de l'intérieur. Par moment, je peux presque la sentir.

Le silence retomba, chacune pensant à ce que l'autre avait dit, le film totalement oublié. Quand Largo entra dans le penthouse, il fut surpris de trouver les deux femmes assoupies sur le canapé. Il sourit en regardant celles qui comptaient le plus pour lui. D'un coté, il y avait Joy… Sa Joy comme il l'aimait à l'appeler en secret. Ses sentiments pour elle étaient forts et l'effrayaient au plus haut point. Que ferait-elle le jour où elle apprendrait la vérité sur lui… Voudrait-elle encore de lui ? Pourrait-elle encore l'aimer ? Où lirait-il le dégoût et le rejet dans ses yeux ? De l'autre coté, il y avait Jessica dont la présence le réconfortait, le rassurait. Même si sa mémoire n'était pas encore revenue, elle savait comment lui parler pour effacer en un claquement de doigts les difficultés de la journée. Jessica se remettait bien de sa blessure, bien qu'elle passait encore beaucoup de temps à se reposer sous la vigilance de l'un de ses anges gardiens. Le manque de progrès de son état mental était la chose qui exaspérait le plus la jeune femme. C'était comme si elle avait perdu une partie essentielle d'elle-même. Le docteur Wallace lui assurait que cette amnésie était due au traumatisme et non pas à une blessure. Sa mémoire pouvait réapparaître à n'importe quel moment, mais elle se sentait frustrée par cette situation qu'elle ne pouvait contrôler.

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Simon de son coté regardait avec envie cette femme sur qui il veillait. Depuis leur première rencontre il ne l'avait jamais appréciée ayant toujours craint son influence sur Largo. Pourtant jour après jour, il découvrait des facettes inattendues de Jessica qui souvent le scrutait avec un regard qui semblait pouvoir voir jusqu'à son âme. Malgré lui il était envoûté par elle, petit à petit il sentait son cœur si souvent volage s'enchaîner à elle. Il était cependant convaincu qu'elle ne serait jamais à lui. Trop de liens la rattachaient à Largo qui semblait la couver comme si elle était la huitième merveille du monde.

- Simon ? Tout va bien ? Demanda-t-elle en sortant de la chambre après avoir fait un petit somme.
- Oui pourquoi ?
- Vous semblez si loin dans vos pensées. Vous semblez si seul parfois.
- On dirait que l'on ne peut rien vous cacher, répondit-il avec un petit sourire amer.
- Je suis désolée, je ne voulais pas être indiscrète.
- Mais vous ne l'êtes pas, vous êtes plutôt perspicace.
- Si vous voulez parler, je sais très bien écouter, proposa-t-elle en s'asseyant sur le canapé.
- Oh il n'y a rien à dire.
- Je pense le contraire, dit-elle d'un ton sans réplique.

Il la regarda avec surprise. Depuis qu'il était arrive au Groupe W personne n'avait pris la peine de parler réellement avec lui. Au fond il n'était que le bouffon du grand patron, aux yeux des gens il faisait presque parti des meubles.

- Simon ? Je suis désolée, je ne voulais pas vous faire de la peine.
- Ce n'est pas cela, murmura-t-il. Vous êtes la première personne qui s'intéresse vraiment à moi depuis que notre arrivée…
- Vous exagérez, je suis sure que Largo, Joy et Kerensky s'intéressent à vous et à ce qui peut vous arriver.
- Oui ca je le sais mais je parle du fait qu'aucun d'autre eux n'a cherché à aucun moment à mieux me connaître. Personne, pas même Largo ne m'a demandé si j'étais heureux ici.
- Et vous l'êtes ?
- La plupart du temps, sauf quand je vois le regard de certaines personnes. Des regards emplis de haine, d'indifférence ou d'hypocrisie qui cherchent des faveurs afin d'approcher du roi de la montagne. Alors je fais comme si je ne les voyais pas et je fais semblant d'être heureux parce c'est ce que l'on attend de moi.
- C'est triste ce que vous me dites là parce qu'ils passent à coté d'une occasion en or, celle de connaître quelqu'un de bien.
- Arrêtez vous aller me faire rougir.
- C'est la vérité. Simon, si vous arrêtiez de vous cacher derrière votre masque de pitre, je suis sûre que vous auriez de drôles de surprises.

La porte du Penthouse s'ouvrit interrompant leur conversation et laissant passage à un Largo épuisé. Depuis l'attaque contre Jessica, des cauchemars venaient le hanter ne lui laissant que peu de repos. Jessica jeta un regard empli de tendresse à Simon qui lui sourit en lui faisant un clin d'œil. Il savait que cette conversation resterait entre eux. Il ne savait pas pourquoi mais il lui faisait une confiance aveugle.

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Une nuit, après avoir eu une journée plus qu'agitée, le cauchemar que Largo avait mis tant de temps à oublier revint en force. Il se revit à Los Angeles, sa vieille guimbarde tombant en panne en plein milieu d'une rue déserte. Il était sorti de la voiture pour mettre la tête sous le capot à la lumière de son briquet. Simon lui avait déjà dit qu'il aurait dû mettre cette vieille carcasse à la casse. Il repensa à son ami, qui le suivait depuis quelque temps déjà. Il espérait que le jeune Suisse réussirait à résoudre ses problèmes familiaux et qu'il pourrait le rejoindre bientôt. Il n'avait pas entendu les quatre hommes arriver tant il était occupé à trouver la panne. Il sentit une main se poser sur son épaule le faisant sursauter et se cogner la tête contre le capot.

- Des problèmes, l'ami ? Fit le plus vigoureux. Désolé, on ne voulait pas vous faire peur. Hein, les gars ? Continua-t-il d'un rire gras

Largo se retourna et se trouva nez à nez avec quatre mastodontes. Ils ressemblaient à des bodie-builders tout droit sortis d'un magazine de fitness. Le jeune homme avala sa salive. Il sentait le danger, mais ne voyait pour le moment aucune échappatoire.

- Vous ne sauriez pas où je pourrais trouver une cabine téléphonique ? Je crois qu'elle est bonne pour une visite au garage.
- Il nous prend pour les renseignements maintenant, fit le plus grand. Faut pas se promener tout seul la nuit, ta mère te l'a jamais appris.

Les quatre hommes se mirent à rire et Largo eut envie de prendre ses jambes à son cou. Ils commencèrent à le bousculer, l'entraînant dans une ruelle proche mal éclairée. Il n'arrivait pas rompre le cercle que les hommes avaient formé autour de lui. Et bientôt, il se retrouva face contre le mur. Un bras sur la nuque l'empêchait de décoller le front de la brique crasseuse. Il sentit des mains fouiller les poches de son jeans et de sa veste.

- Eh les mecs ! Regardez ca ! Dix dollars seulement ! Fit l'une des voix en jetant le portefeuille à terre et en empochant le billet.
- Encore un paumé ! Va peut-être falloir se payer en nature pour le dérangement !

Largo tenta de protester, un coup de poing dans les côtes le fit taire momentanément en lui coupant le souffle.

- Tu feras ce qu'on te quand on te le dit…, lui murmura le grand blond à l'oreille.

Des frissons lui parcoururent la colonne vertébrale. La peur lui nouait l'estomac. Il se doutait bien de ce qu'ils voulaient et se dit qu'il aurait beaucoup de chance s'il en sortait vivant. Il fut projeté à terre. Ses genoux frappèrent avec force les pavés recouvrant le sol. Celui-ci était trempé, il avait plu une bonne partie de la journée et il sentit l'eau imbiber la toile de son jeans. L'un des hommes maintenait ses bras derrières son dos en le forçant à garder la tête à terre. Son front était collé à un carton humide souillé. Largo sentit des mains dégager son t-shirt pour donner meilleur accès à la ceinture de son pantalon. Il tenta de se débattre mais la poigne fer qui maintenaient ses bras, et qui menaçaient de les lui disloquer, l'en dissuada momentanément.

Des mains ouvrirent les boutons de son jeans et firent descendre ensemble le pantalon et le caleçon. L'air frais de la nuit contre sa peau exposée raviva son envie de se battre. Il recommença à se débattre de plus belle, il sentit son épaule se déboîter sous la pression de son agresseur et il ne hurla pas seulement de douleur mais de désespoir aussi. Un autre coup dans les côtes tenta de le réduire au silence mais il ne pouvait s'arrêter. Sa voix était encore la seule chose libre qui lui restait. Le meneur du groupe en fut agacé et lui enfonça un mouchoir dans la bouche. La panique menaça de le submerger quand il se sentit sur le point de suffoquer. Il se força alors à respirer lentement. Il se répétait comme un mantra que ce n'était qu'un cauchemar et que bientôt il allait se réveiller. La douleur de la première pénétration lui vrilla le bas du dos. Il avait l'impression d'être déchiré en deux. Il pouvait sentir cette énorme chose aller et venir au plus profond de lui.

Des larmes coulaient sur les joues du jeune homme, ses hurlements de douleur, de désespoir et de frustration étaient transformés en de simples gémissements par le bâillon. Des mains touchèrent ses parties intimes, caressant et malaxant les zones érogènes. La nausée lui monta aux lèvres quand il sentit son corps réagir à cette caresse. Il sentit une chaleur au creux de son ventre. Il aurait voulu mourir là, dans cette ruelle malodorante. Il sentit l'homme enfin atteindre l'extase, il le sentit se vider en lui, le souillant irrémédiablement. Lui aussi atteignit le point culminant à cet instant mais ils ne ressentit rien que du dégoût, et un goût de biles dans la bouche. L'homme se retira seulement pour laisser la place à l'un de ses compagnons. Et tout recommença, la douleur, les cris muets, l'impuissance et la haine qui lui tordait les tripes. Quand tous enfin l'eurent dépouillé de sa dignité, ils le frappèrent encore et encore jusqu'à ce que l'obscurité bienfaitrice vienne l'emmener.

Largo se réveilla en hurlant toute cette terreur qu'il venait de revivre, faisant sursauter Joy qui somnolait dans le salon et Jessica qui dormait tranquillement dans la chambre d'ami. La garde du corps se précipita arme au poing et ouvrit la porte pour s'arrêter net devant le tableau qui s'offrait à elle. Largo était là, torse nu, en simple pantalon de pyjama, recroquevillé dans le coin de la chambre le plus éloigné de la porte, le visage baignés de larmes, se balançant d'avant en arrière. Il murmurait des mots incompréhensibles. Son regard allait d'un endroit à un autre surveillant la pièce, craignant que ses assaillants ne reviennent à nouveau s'en prendre à lui. Quand Joy tenta de s'approcher, il se mit à répéter " NON " encore et encore, sa voix augmentant au fur et à mesure que la distance entre eux diminuait. La jeune femme s'arrêta ne sachant quoi faire. Elle sentit une présence derrière elle. Elle vit Jessica pâlir à la vue de Largo.

- Jessica ?

Celle-ci ne répondit pas, d'autres images inondaient son esprit. Comme un tourbillon des noms, des lieux, des visages refaisaient surface. Elle prit appui au chambranle de la porte et ferma les yeux. Elle avait un peu de mal à respirer, une douleur vive lui enserrait la poitrine. Elle sentit deux bras la soutenir. Elle rouvrit les yeux et vit le vit visage de Joy inquiet.

- Ca va aller ?

Jessica hocha la tête. Elle se dégagea sans un mot et approcha Largo doucement. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait dans un état pareil. C'était elle que les autorités avaient appelée quand une patrouille police l'avait retrouvé, ce soir-là, recroquevillé dans un coin de la ruelle, refusant que qui que se soit l'approche.

- Largo ? Fit-elle d'une voix douce.

Le jeune homme se rencogna encore plus profondément et regarda par terre. C'était comme s'il avait voulu disparaître, se fondre avec les ombres qui envahissait la chambre mal éclairée. Joy allait allumer la lumière quand Jessica l'en dissuada d'un signe de la tête.

- Largo, regarde-moi c'est Jessica. Tout va bien…. Ca va aller… Je te le jure… Ce n'est qu'un cauchemar.

La jeune femme était maintenant à portée de main du jeune homme, pourtant elle ne fit aucun geste pour tenter de le toucher pour le réconforter.

- Largo, c'est fini maintenant, il faut que tu reviennes. Je t'en prie, on a besoin de toi. Qui va me protéger des mauvaises blagues de Simon si tu n'es plus là ? Fit-elle sur un ton qu'elle voulait enjoué.

Elle regarda Joy d'un air soucieux. Elle avait déjà vu des flash-back, elle en avait elle-même expérimenté plus d'un. L'important était de le faire sortir de cette terreur qui semblait l'emprisonner sans pitié avec douceur. Elle tendit la main en souriant toujours sans contact physique avec lui. C'était à lui de prendre l'initiative. Largo leva les yeux. Leurs regards s'accrochèrent. Elle sourit, l'encourageant silencieusement à prendre sa main. Il tendit son bras et toucha le bout des doigts de la jeune femme dont le sourire s'élargit. Ce contact sembla le tirer de sa torpeur.

- Jessica ? Fit-il, surpris de la voir près de lui comme elle l'avait toujours fait dans ses souvenirs.
- Oui… Allez viens ne reste pas là, dit-elle l'aidant à se lever. Viens te remettre au lit, tu vas attraper froid à force de te promener dans cette tenue.

Il ne protesta pas quand elle l'aida à s'allonger et qu'elle rabattit les couvertures. Il se sentait vidé de toute énergie.

- Que s'est-il passé ? Demanda-t-il même s'il se doutait de la réponse.
- Tu as fais un cauchemar.
- Un cauchemar ? Rien qu'un cauchemar ?
- Oui, fit-elle en hésitant légèrement. Il n'était pas en état d'entendre les explications sur ce qui c'était réellement passé.
- J'ai cru qu'il était partit pour toujours… Qu'il ne reviendrait plus, alors pourquoi maintenant ? Pourquoi après presque six ans ?
- Je ne sais pas, répondit-elle en lui déposant un baiser sur le front. Tu crois que tu vas pouvoir te rendormir ?

Il hocha la tête et ferma les yeux. Elle lui caressait doucement le front tout en lui chantonnant un air doux. Quelques minutes plus tard, il s'était rendormi. Jessica sentit le regard Joy sur elle. Celle-ci semblait à la fois effrayée, triste et furieuse. Elle soupira, elle était épuisée, elle aussi. Sa poitrine la faisait souffrir. Elle se leva difficilement, la pièce se mit à tourner et si Joy n'avait pas été là, elle se serait retrouvée sans doute à terre. Elles sortirent en silence pour ne pas troubler le repos du jeune milliardaire. Jessica se laissa tomber sur le canapé. Joy alla préparer un peu de thé, elle avait besoin de s'occuper. Ce dont elle avait été témoin plus tôt l'avait éprouvée. Elle avait toujours considéré Largo comme quelqu'un de fort, capable de se sortir de n'importe quelle situation. Bien sûr, il était rebelle, avec les sentiments à fleur de peau mais le voir dans cet état avait ébranlé la vision qu'elle avait de lui. Quand elle revint avec le plateau, elle trouva Jessica près de la baie vitrée regardant les lumières de la ville.

- J'ai fait du thé…

Le silence retomba entre les deux femmes. Aucune d'entre elle ne savait comment aborder la situation. Jessica se doutait bien que Largo n'avait parlé de cela avec personne et c'était bien ce qui l'inquiétait. Elle se souvenait très bien de leurs discussions sans fin sur ce sujet. Elle ne lui avait jamais avoué comment elle pouvait savoir ce qu'il ressentait et lui ne semblait pas avoir fait le lien. Jess prit la tasse que lui tendait Joy et en but une gorgée.

- Hum… Ca fait du bien… Il y avait longtemps que je n'en avais pas bu… J'ai toujours aimé la camomille…

Joy la regarda avec étonnement.

- Votre mémoire est revenue ?

Jessica hocha la tête en buvant une autre gorgée de thé.

- Quand ?
- Tout à l'heure, quand j'ai vu Largo accroupi dans la chambre. C'est revenu comme dans un tourbillon. Des sons, des images….
- Que s'est-il passé ?

Jessica ne savait que répondre. Elle comprenait la curiosité de Joy mais elle ne pouvait pas lui en parler sans l'approbation de Largo.

- Je sais que vous êtes inquiète mais ce n'est pas à moi de vous en parler.
- Enfin ca doit tout de même être grave pour qu'il se mette dans un état pareil ! Fit Joy exaspérée par le silence de la jeune femme.
- Il a subi un gros traumatisme il y a quelques années, et cela a refait surface ce soir…
- Quel genre de traumatisme ?
- Ecoutez… Je suis fatiguée je crois qu'il vaut mieux que nous en restions là pour ce soir. Je suis désolée Joy, je suis sûre qu'il vous en parlera quand il se sentira prêt.

Joy fit la grimace. Connaissant Largo, il ne serait jamais prêt. Elle regarda Jessica se lever doucement et se diriger avec peine vers la chambre. Joy décrocha le téléphone et forma le numéro de la seule personne qui pourrait lui apporter quelques réponses.

- Allô ? Fit une voix féminine ensommeillée.
- Excusez-moi j'ai dû me tromper de numéro, dit-elle avant de raccrocher.

Elle fouilla dans son sac à la recherche de son agenda, et recomposa le numéro de l'appartement de Kerensky.

- Allô ? Fit la même voix de femme bien réveillée.
- Je sais qu'il est tard mais j'ai besoin de parler à Georgi.
- Chaton, c'est pour toi, entendit Joy dans le récepteur.

Elle entendit un silence et la voix de Kerensky.

- Merci, Scilia.
- Tu connais le tarif, répondit la voix coquine de celle-ci.

Le silence se fit à nouveau et Joy en fut légèrement agacée.

- Qui que vous soyez, j'espère que vous avez une très bonne raison de me réveiller à quatre heures du matin.
- Tu es sûr que je te réveille ?
- Joy ! ! ! ! J'ai une vie privée contrairement à toi ! T'étais pas censée surveiller la fille et Largo ?
- Justement, c'est au sujet de Largo que je t'appelle…
- Ca ne pouvait pas attendre demain matin ? ? ? Attend deux minutes.
- OK.
- Mais non pas toi ! Dit-il à Joy.
- Je peux savoir qui est celle qui te distrait de la sorte ? ? ?
- Ca ne te regarde pas ! Alors que se passe-t-il encore ? Demanda Kerensky en soupirant
- J'ai besoin de renseignements sur Largo.
- Il ne va pas aimer.
- Il n'est pas censé être au courant, fit-elle fermement.
- Tu es certaine que ça va ?
- A vrai dire, je ne sais pas.
- Que veux-tu savoir ? Demanda-t-il sa curiosité éveillée.

Joy lui fit part de l'incident et la manière dont Jess avait réussi à maîtriser la situation. Elle lui expliqua que cela avait ravivé une partie de la mémoire de la jeune femme mais que celle-ci avait refusé de lui dire quoi que se soit. Kerensky l'assura de son soutien et lui promit de lui trouver les informations qui lui manquaient. Il raccrocha et se tourna vers sa compagne. Il sourit et l'attira à lui avec passion. Il prit ses lèvres enflammées et l'embrassa fougueusement. Leurs corps se mêlèrent sous l'emprise de leurs sens et se laissèrent aller jusqu'à ce qu'ils atteignent l'extase.

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Les ombres commençaient à se dissiper quand Largo ouvrit les yeux. Il aperçut Jessica endormie dans un fauteuil près de son lit et l'observa pendant un moment. Les souvenirs de ce qui s'était passé la nuit précédente affluèrent dans sa mémoire. Il frissonna et referma les yeux pendant un moment. Mais l'obscurité ne lui offrit aucun réconfort. Les images qu'il s'était acharné à oublier pendant toutes ses années revenaient en force. Il se revit à l'hôpital, ne voulant écouter aucun conseil donné par les médecins et prenant la fuite à peine remis de ses blessures. Jessica avait réussit à le rattraper et l'avait convaincu de venir s'installer chez elle jusqu'à ce qu'il se sente mieux. Il n'avait jamais compris pourquoi elle l'avait fait. Pourquoi s'était-elle acharnée à l'aider, lui, un étranger ? Elle avait été à ses cotés pendant les nuits veillant sur son sommeil et le rassurant quand les cauchemars faisaient remonter une terreur telle qu'il avait du mal à la maîtriser. Pourtant il avait toujours refusé de parler de ce qui c'était passé. Même si elle avait réussit à le traîner dans ce centre qui accueillait les victimes d'agressions sexuelles, il n'avait jamais réussit à se libérer de ce poids qui pesait sur ses épaules. Le peu qu'elle savait, elle l'avait appris lors des nuits où, épuisé, il laissait couler ses larmes sur son épaule. Bien qu'elle ne l'ait jamais poussé à sortir de son silence dans lequel il cherchait du réconfort, elle avait toujours su trouver les mots qui stoppaient le tourbillon de ses pensées.

- Bonjour, dit Jessica en constatant que le jeune homme était réveillé.
- Salut…

Il ne savait pas trop comment réagir face à celle qui, encore une fois, l'avait sorti de son cauchemar.

- Comment ça va ? Fit-elle en grimaçant quand elle se leva de son fauteuil pour s'asseoir près de lui sur le lit.
- C'est à toi qu'il faut poser la question. Ne me dis pas que tu as passé la nuit à me regarder dormir ?
- Que pouvais-je faire d'autre ? Répondit-elle en souriant.
- Te reposer, par exemple ?
- J'aurais tout le temps de me reposer quand tu iras mieux.
- Je vais mieux, dit-il un peu gêné qu'elle ait été de nouveau témoin de sa terreur.
- Pas à moi, Largo. Je sais très bien que tu t'es évertué à faire comme si rien ne s'était passé, mais tu ne peux échapper à tes souvenirs, ils reviennent tôt ou tard à la surface.
- Je vois que les tiens sont revenus…
- Oui, mais pas ceux qui pourraient me faire comprendre comment j'ai bien pu échouer à New York.
- Je suis sûr que ca va te revenir, ce n'est plus qu'une question de temps.

Il lui prit la main et la serra pour la rassurer. Il sentait la peur qu'elle tentait de dissimuler.

- Jess…
- Oui ?
- Je suis désolé pour ce qui s'est passé il y a quatre ans… Je…
- C'est oublié.

Il sourit au jeu de mot.

- Maintenant que je t'ai retrouvé, tu vas avoir un mal de chien à te débarrasser de moi, fit-elle avec malice.

Elle se sentait soulagée qu'il fasse à nouveau parti de sa vie. Il lui avait tellement manqué. Il la regarda comme s'il la voyait pour la première fois. Malgré tout ce qu'il savait d'elle, il se rendait très bien compte qu'il ne savait d'elle que ce qu'elle voulait bien montrer.

- C'était plus qu'un cauchemar ? Demanda-t-il sachant très bien qu'elle comprendrait.

Elle hocha la tête, ne sachant comment lui répondre. Il avait des questions mais elle n'était pas sûre de pouvoir lui donner les réponses dont il avait besoin.

- Pourquoi maintenant ? Ca fait si longtemps !
- Peut-être parce que j'ai réveillé par ma présence des souvenirs que tu n'as pas forcément envie de te rappeler. Tu as été sous pression depuis que je suis revenue dans ta vie. Il faut que cela sorte d'une manière ou d'une autre…. On appelle cela un flash-back.
- Tu as l'air de savoir de quoi tu parles.
- Disons seulement que ce n'est pas le premier que je vois.
- Et qu'est-ce que je peux faire pour y remédier ?
- Je ne sais pas… Peut être partager ton fardeau…

Le silence retomba dans la chambre, Largo tenait toujours la main de la jeune femme dans la sienne comme s'il s'agissait la seule chose tangible dans le tourbillon des émotions qui le secouait intérieurement.


Ammenez-moi au chapitre 2

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